Un (1) an après l’arrivée du premier contingent de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya, le bilan reste alarmant. L’initiative, soutenue par les Nations unies et plusieurs pays partenaires, visait à freiner l’expansion des gangs armés et à restaurer l’ordre dans un pays plongé dans une spirale de violence. Mais douze mois plus tard, les résultats peinent à se faire sentir.
Dans un rapport publié ce mercredi 25 juin, l’organisation Human Rights Watch (HRW) tire la sonnette d’alarme sur l’aggravation de la situation sécuritaire en Haïti. « La mission kenyane manque de capacité logistique et ne dispose pas d’un effectif suffisant pour faire face à la puissance et à la brutalité des groupes armés », souligne l’ONG. Selon HRW, non seulement la MMAS n’a pas permis de réduire l’emprise des gangs, mais elle n’a pas non plus réussi à instaurer une présence durable dans les zones les plus affectées, notamment à Port-au-Prince et dans ses environs.
Depuis début 2025, les violences ont redoublé d’intensité, avec des dizaines de quartiers livrés à des groupes lourdement armés, des enlèvements quotidiens, et une population civile de plus en plus prise en étau.
Plusieurs observateurs, dont le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), avaient déjà exprimé des doutes sur l’efficacité d’une mission multinationale sans mandat clair ni ressources suffisantes.
Face à cet échec apparent, Human Rights Watch appelle désormais l’ONU à reconfigurer complètement la MMAS et à en faire une véritable mission de maintien de la paix sous son propre drapeau. « La population haïtienne ne peut plus attendre. Le statu quo est intenable », avertit l’organisation dans son rapport.
Du côté des autorités haïtiennes, les réactions se font discrètes. Le Conseil présidentiel de transition, qui avait salué l’arrivée des troupes kényanes en juin 2024 comme « un tournant historique pour la stabilisation du pays », est aujourd’hui sous pression, alors que l’insécurité continue de compromettre toute perspective électorale et de relance institutionnelle.
Un an après le lancement de la MMAS, une question reste en suspens : combien de temps encore Haïti devra-t-elle attendre avant qu’une réponse internationale à la hauteur de la crise ne soit enfin mise en œuvre ?