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Cet article examine la crise économique prolongée en Haïti depuis 2018, analysant les facteurs à l’origine du déclin depuis six ans et les principales propositions du ministre de l’Économie et des Finances, Alfred Fils Métellus. Il met en lumière des statistiques alarmantes, les défis financiers et les plans de relance du gouvernement de transition présentés dans l’émission Kesner Pharel « Grand Rendez-vous Économique » de Télé Métropole.
CAP-HAITIEN — Un rapport conjoint publié récemment par l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) et la Banque de la République d’Haïti (BRH) a dressé un tableau sombre de l’économie haïtienne. Elle stagne depuis six ans, sans croissance enregistrée depuis 2018. La classe moyenne, qui est censée être l’épine dorsale de l’économie, ne représente que 8 % des près de 12 millions d’habitants du pays, indique le rapport.
La dernière expansion économique d’Haïti a été modeste de 1,7 % en 2018, mais depuis lors, l’économie s’est contractée de 4,2 % en raison de plusieurs facteurs, notamment l’instabilité politique, les troubles sociaux et la pandémie de COVID-19. Alors que la pauvreté s’aggrave – plus de 60 % des Haïtiens vivent avec moins d’un dollar par jour – et que l’insécurité étouffe les investissements, le gouvernement a dévoilé un ambitieux budget de 324 milliards de gourdes, soit environ 2,5 milliards de dollars, pour 2024, destiné à relever ces défis. Toutefois, les experts préviennent que la reprise nécessitera des réformes audacieuses et un soutien international important.
Minister of Economy and Finance Alfred Fils Métellus, who intervened on Télé Métropole’s Kesner Pharel Grand Rendez-Vous Économique show on Jan. 1, outlined the causes and consequences while proposing solutions to reverse the trend.
Voici six points à retenir du rapport, ainsi que les plans d’action proposés par le gouvernement de transition :
Les niveaux de pauvreté continuent d’augmenter
Plus de 60 % des Haïtiens vivent avec moins de 1 dollar par jour, tandis que plus de 30 % vivent dans une pauvreté extrême. Le ministre Alfred Fils Métellus a souligné le rôle crucial de la classe moyenne – un groupe qui ne représente que 8 % de la population – dans la stabilisation de l’économie. Il a souligné que la construction d’une classe moyenne plus forte sera essentielle au redressement à long terme d’Haïti.
Le secteur agricole en déclin
Le secteur agricole, qui constituait autrefois le pilier de l’économie haïtienne, connaît désormais une contraction annuelle de 5 %. Cela a exacerbé l’insécurité alimentaire dans tout le pays, laissant des millions de personnes vulnérables. Le ministre Métellus a souligné le besoin urgent d’investissements ciblés dans l’agriculture pour inverser cette tendance.
L’insécurité et ses conséquences économiques
L’insécurité est l’un des obstacles les plus importants à la reprise économique. Le ministre Métellus a révélé que la réparation des dégâts causés par l’insécurité nécessiterait 1,3 milliard de dollars, un montant à inclure dans le budget national. Le manque de sécurité a étouffé les investissements, perturbé les entreprises et déplacé les communautés, aggravant encore les défis économiques d’Haïti.
Priorités budgétaires pour la relance
Le budget d’Haïti pour 2024, de 324 milliards de gourdes, soit environ 2,5 milliards de dollars, donne la priorité à trois domaines critiques :
- Rétablir la sécurité pour assurer la stabilité.
- Organiser des élections crédibles d’ici février 2026.
- Répondre à la crise humanitaire en subventionnant les petites entreprises (PME) et en créant des emplois.
Décentralisation
Métellus prévoit également de décentraliser les dépenses pour réduire la domination du département de l’Ouest, qui absorbe 60 à 70 % des ressources nationales.
Le rôle des donateurs internationaux et du secteur privé
Pour financer les efforts de redressement, Haïti dépendra fortement des donateurs internationaux et du secteur privé. Un graphique présenté lors de l’entretien de Métellus avec Kesner Pharel a révélé un déficit de financement de 900 millions de dollars que le gouvernement espère combler grâce à l’aide internationale. Métellus a souligné l’importance de mobiliser ces fonds tout en poursuivant les réformes visant à rétablir la confiance dans l’économie haïtienne.
Pour de nombreux observateurs, le projet du gouvernement de transition paraît ambitieux. Cependant, avec le déclin de la classe moyenne, l’augmentation de la pauvreté et la dépendance à l’égard des donateurs internationaux, le chemin vers la reprise reste semé d’embûches.



