Hymne des aubes orphelines” de Cawn Mala Osne : une poésie aux accents insulaires

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La thématique de l’exil est récurrente chez la plupart de nos talentueux créateurs. Qu’il s’agisse de poètes (Anthony Phelps, René Philoctète, Manno Ejen, Georges Castera…), de chansonniers (Tabou Combo, Manno Charlemagne, Jean Elie Telfort, Emeline Michel, Beethova Obas…), de romanciers (Dany Laferrière, Yannick Lahens, Frankétienne…) ou de plasticiens (Edouard Duval Carrie, Nixon Leger, Fred Thomas…).

L’île d’Haïti colle à la peau comme le soleil du midi pour ces hommes et femmes dans leur vie quotidienne. Le poète et conteur Cawn Mala Osne, résidant à Montréal-ville, au regard d’arc-en-ciel, n’échappe pas non plus à cette obsession.

Dans son recueil intitulé “Hymne des aubes orphelines”, paru aux éditions Jacques Trouillot, il dénonce, vilipende, revendique et souhaite vivement des ” lendemains qui chantent ” pour ses concitoyens. Comme un fou, il arpente les rues de la nuit en quête d’étoiles resplendissantes pour embellir cette île qui l’a vu naître et qui aujourd’hui s’est métamorphosée en jungle tropicale.

“Je dessine donc un pays
Avec un poème à la main
Un pays où les enfants sauront s’abriter
Pour habiter l’histoire gageée.

Je replace les adresses postales aux mêmes endroits
Pour qu’au moment du retour
Personne ne manque à l’appel.”

Il murmure d’autres jeux de mots, d’autres métaphores, explore d’autres formes syntaxiques afin de redonner vie, couleurs aux êtres et aux choses. Sa parole poétique se veut une invitation à chacun à bannir la peur qui nous tenaille depuis belle lurette. Une poésie limpide, vive, scénique pour dire sans langue de bois le réel dans toutes ses facettes. Poésie de la nuit. Poésie de l’aube. Poésie traversée par les cris, les réminiscences, les rumeurs de la ville et du vent indomptable, les questionnements d’ordre existentialiste.

“On aura beau chanter, écrire, peindre
Ces cantiques d’espoir aux enfants inusités
Ces lignes réarticulées de ces mots dénudés
Ces couleurs disparates sur nos murs fissurés
Affirmant bien-être et mal-être de temps recalés.

Pourquoi la nuit, notre refuge,
Nous prive-t-elle de ses conseils ?
La journée la remplace dans nos têtes d’oiseaux migrateurs
L’aube n’est plus la couleur du temps.”

N’est-ce pas Victor Hugo qui disait que “Le poète en des jours impis, vient préparer des jours meilleurs.” Le poète Osne, de son nom de scène Camaos, l’a bien compris et sème malgré tout les grains de l’espérance dans les jardins de ce monde en pleine crise de civilisation, pour parodier le philosophe et sociologue français Edgar Morin.

Auteur du recueil “Les sillages du temps” (Éditions Jacques Trouillot, août 2020), Camaos, qui vit à Montréal, est un artiste multidisciplinaire. De la peinture au cinéma en passant par les arts de la scène comme le théâtre, le slam, l’art occupe une place prépondérante dans son vécu.

Selon lui, la poésie lui permet de transcender le réel et de l’appréhender d’une autre manière.

André Fouad

À suivre