Quand l’intimité des victimes devient une arme en Haïti

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Le revenge porn, pratique consistant à partager des contenus intimes sans le consentement des personnes concernées, est un problème grandissant en Haïti. Ce phénomène, qui brise des vies et détruit des réputations, se déroule dans un climat d’impunité, amplifié par l’absence de lois spécifiques pour le combattre. Majoritairement ciblées, les femmes en sont les principales victimes, bien que certains hommes soient également touchés, souvent dans un silence forcé.

Ces derniers mois, des personnalités publiques ont été directement affectées. La chanteuse Tafa Mi-Soleil, l’influenceuse Djoulie et plus récemment Daïsha ont vu leur intimité exposée au grand jour. Dans le cas de Daïsha, les accusations visent directement le sexagénaire Jocelyn Lafontant, un ancien candidat à la présidence.

Cependant, cette problématique ne se limite pas aux femmes. Le cas d’Aïno, le jeune fils de l’artiste Joseph Zenny (T-Djo), montre que même les mineurs ne sont pas épargnés. Ces incidents ne sont que la partie visible d’un problème qui, pour de nombreuses victimes anonymes, reste enfoui dans l’ombre par peur de représailles ou de stigmatisation sociale.

Bien qu’Haïti ne dispose pas encore d’un cadre légal pour traiter spécifiquement le revenge porn, il existe des alternatives pour aider les victimes à obtenir justice :

1. Signaler les faits aux autorités locales
Les victimes peuvent se tourner vers la police ou d’autres institutions locales en invoquant des lois plus générales sur la diffamation, l’atteinte à la vie privée ou le harcèlement. Bien que ces recours soient limités, ils permettent parfois de limiter la diffusion des contenus ou de faire pression sur les auteurs.

2. Porter plainte en justice
Même si la législation haïtienne ne traite pas explicitement le revenge porn, il est possible de déposer une plainte pour diffamation ou violation de la vie privée. Les avocats spécialisés peuvent analyser les situations et proposer des stratégies adaptées aux circonstances.

3. Constituer un dossier de preuves
Il est essentiel de collecter toutes les preuves disponibles, comme des captures d’écran, des messages, ou des liens vers les contenus incriminés. Ces éléments renforcent considérablement un dossier et augmentent les chances de succès en cas de poursuite judiciaire.

4. Faire appel à un conseil juridique
Un avocat ou un conseiller juridique peut offrir des orientations pratiques pour agir. Cela inclut des négociations directes avec les coupables pour retirer les contenus ou l’accompagnement dans les procédures judiciaires.

Pour enrayer ce fléau, il est crucial d’adopter une approche collective. L’État haïtien, la société civile, les organisations de défense des droits humains et les médias doivent s’unir pour plaider en faveur de lois adaptées et de mécanismes de protection. Par ailleurs, des campagnes de sensibilisation sur les dangers et les conséquences du revenge porn pourraient contribuer à réduire ce phénomène.

Le revenge porn n’est pas une fatalité. Chaque individu mérite de voir son intimité respectée, et la justice doit pouvoir répondre à cette atteinte grave à la dignité humaine. Il est urgent que l’Haïti légifère pour protéger les citoyens contre ce type de violence et garantir un espace numérique plus sûr pour tous.

Jean Herold Sainvil

À suivre