Haïti – Flash: explosion de la violence sexiste dans le pays
17/05/2025 10:57:04
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L’intensification de la violence armée dans la zone métropolitaine du port-au-prince s’est accompagnée d’une augmentation de la violence sexiste, ciblant principalement les femmes. En réponse à cette urgence, l’Organisation panaméricaine de la santé et l’Organisation mondiale de la santé (Paho / OMS) soutiennent le ministère de la Santé publique, en collaboration avec des partenaires locaux, pour répondre aux besoins croissants des victimes.
“Ce qui me maintient en vie, ce qui m’empêche d’abandonner, ce sont mes enfants. Parfois, j’ai envie de me suicider”, confie R., 35. Comme de nombreuses victimes, elle est une personne déplacée en interne, victime de viol et d’agression sexuelle, souvent perpétrée par des membres de gangs armés.
Selon les données du ministère du Statut des femmes, près de 6 500 cas de violence fondée sur le sexe ont été signalés en 2024, et déjà 1 250 au cours des deux premiers mois de 2025. Ces chiffres sont largement sous-estimés, selon les acteurs humanitaires, en raison de la peur, de la stigmatisation et des difficultés à accéder aux services. Parmi ces cas, plus de 60% impliquent des violences sexuelles, souvent liées au déplacement forcé.
Pour répondre à cette urgence, Paho / OMS et ses partenaires soutiennent le ministère dans la mise en œuvre d’une réponse médicale et psychosociale renforcée, avec un soutien financier du Fonds d’intervention d’urgence central des Nations Unies (CERF) et des opérations européennes de protection civile et d’aide humanitaire (ECHO).
Dans les sites, l’hébergement de personnes déplacées, 11 psychologues et comme de nombreux travailleurs sociaux ont été formés et déployés pour fournir un soutien direct aux femmes et aux filles identifiées comme victimes de violences sexuelles. En vertu de la coordination de la Direction de la santé occidentale, ces équipes fournissent un soutien psychosocial et des conseils et référer les victimes aux établissements de santé disponibles. Cette présence humaine est cruciale dans un contexte où les voix des femmes sont encore trop souvent étouffées par la peur et la stigmatisation.
“J’ai considéré le suicide parce que je ne voulais pas que ce que j’ai vécu pour devenir une source de honte pour moi ou mes enfants”, explique modestement F., 34.
Pour renforcer davantage ce travail sur le terrain, trois organisations féminines locales, Kay Fanm, Sofa et Fondation Toya, ont été mobilisées. Leur rôle est essentiel: en tant qu’acteurs enracinés dans les communautés, ils créent un espace de confiance, facilitent l’identification des cas et soutiennent les victimes comme F. grâce à une voie de soins souvent longue et complexe.
“Les pensées de suicide ne me quittaient jamais. Mais en allant à Toya, j’ai pu accéder à un réel soutien. Grâce à leur soutien, j’ai trouvé une lueur d’espoir.”
Grâce à cette réponse intégrée, Paho / Who et ses partenaires ont l’intention de briser le silence entourant la violence sexuelle et de remettre la dignité des femmes au cœur de la réponse humanitaire.
Neuf établissements de santé dans les zones les plus touchés seront rééquipés avec des équipements spécialisés pour traiter les cas de violence sexuelle: les tables d’examen gynécologiques, les kits de viol, les instruments stériles et les médicaments essentiels. Cinquante professionnels de la santé seront également formés ou recyclés pour améliorer la qualité des soins cliniques et psychosociaux, selon des protocoles sensibles au genre.
Grâce à cette approche intégrée, Paho / Who et ses partenaires visent à briser le silence entourant la violence sexuelle et à restaurer la dignité des femmes et des filles dans un contexte d’extrême vulnérabilité.
“Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur cette crise”, a déclaré le Dr Oscar Barreche, Paho / Who Représentant en Haïti. “Il est de notre devoir collectif de soutenir les victimes, de renforcer les capacités des établissements de santé et de nous assurer que chaque femme et fille touchée par la violence a accès à des soins de qualité, avec respect et dignité.”
Hl / haïtilibre