« Il peut y avoir des étapes », prévient Ehud Yaari, chercheur basé en Israël au Washington Institute for Near East Policy, un groupe de recherche. « On peut assister à une escalade progressive. »
Dimanche matin, l’armée israélienne a déclaré qu’elle poursuivait ses frappes contre les lanceurs de roquettes du Hezbollah dans le sud du Liban. Le Hezbollah disposerait de dizaines de milliers de roquettes et d’un nombre plus restreint de missiles plus sophistiqués et plus précis.
De la fumée s’échappe du site d’une frappe aérienne israélienne sur Zibqin, dans le sud du Liban.Crédit: AFP
L’Iran, patron du Hezbollah, a toujours un compte ouvert avec Israël, l’accusant de l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, le chef politique de son allié le Hamas, alors qu’il se trouvait à Téhéran, quelques heures seulement après la mort de Shukr. Israël a officiellement revendiqué la responsabilité de la mort de Shukr, mais pas celle de Haniyeh.
Dans un discours diffusé à l’ouverture d’une réunion gouvernementale dimanche après-midi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que les événements de la matinée n’étaient « pas la fin de l’histoire ». Mais à ce moment-là, la vie en Israël avait largement repris son cours normal.
Selon M. Yaari, Israël a décidé de prévenir l’attaque du Hezbollah dimanche, mais sans aller plus loin. Les cibles qu’Israël a frappées se trouvaient toutes à moins de 50 kilomètres à l’intérieur du Liban. Israël a déclaré qu’il s’agissait de contrecarrer la menace que représentent les roquettes et les drones du Hezbollah pour les forces israéliennes et les civils, et non ses moyens ou ses infrastructures.
De son côté, le Hezbollah semble « indiquer que c’est fini pour l’instant », a déclaré Yaari. « En même temps, ils disent que c’est la première étape des représailles, laissant la possibilité d’en faire plus, s’ils obtiennent le feu vert des Iraniens », a-t-il ajouté.
Les événements de dimanche ont accru les enjeux pour les négociateurs réunis au Caire pour tenter de parvenir à un accord de cessez-le-feu et de libération des otages dans la bande de Gaza. Les États-Unis mènent la campagne, aux côtés des médiateurs qataris et égyptiens, pour un accord qui mettrait fin au conflit qui oppose depuis dix mois Israël et le Hamas, dans l’espoir qu’un tel accord pourrait contribuer à apaiser les tensions dans la région.
Depuis des mois, le Hezbollah et Israël se livrent à des affrontements transfrontaliers. Le Hezbollah a commencé à tirer en solidarité avec le Hamas après l’attaque menée par le Hamas contre le sud d’Israël en octobre dernier, qui a poussé Israël à entrer en guerre à Gaza.
Les échanges entre Israël et le Hezbollah ont gagné en intensité ces dernières semaines, dans ce que de nombreux analystes ont décrit comme une guerre d’usure.
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Une guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah serait dévastatrice pour les deux camps, préviennent les experts. Les roquettes et missiles du Hezbollah peuvent atteindre une grande partie du territoire israélien et paralyser certaines parties du pays pendant des semaines, voire des mois.
Mais le groupe doit peser son désir de vengeance face aux risques d’une réaction violente au Liban, embourbé dans la tourmente politique et économique.
Israël se prépare depuis longtemps à une guerre au Liban et est probablement bien mieux préparé qu’il ne l’était sur son front sud, où le Hamas l’a pris par surprise en octobre.
Netanyahu a déclaré que les forces israéliennes avaient détruit dimanche des milliers de roquettes à courte portée du Hezbollah et intercepté un essaim de drones que le Hezbollah avait lancés sur une cible stratégique dans le centre du pays.
Des dizaines de milliers d’habitants des villes et villages situés des deux côtés de la frontière entre Israël et le Liban ont été déplacés de leurs foyers depuis près de 10 mois.
« Il s’agit d’une étape supplémentaire pour changer la situation dans le nord et permettre à nos habitants de rentrer chez eux en toute sécurité », a déclaré M. Netanyahu à propos des mesures prises dimanche. Mais aucune date n’a été fixée pour leur retour.
Cet article a été publié à l’origine dans Le New York Times.