Le cliché « travailler dur et s’amuser dur » des grandes entreprises est désuet et néfaste, et conduit à des cultures d’entreprise toxiques qui, à leur tour, ont un impact sur les résultats financiers. Il est temps d’abandonner ces idées désuètes et de commencer à revitaliser la culture d’entreprise, déclare Colin D. Ellis, expert en culture d’entreprise et auteur à succès.
« Ce dont nous avons besoin, Colin », a déclaré le PDG, alors qu’ils s’adossaient à leur chaise avant un atelier culturel que j’animais, « … c’est d’une bonne vieille culture du travail acharné et du jeu acharné. »
Il s’agit d’un mantra adopté par de nombreuses organisations, promettant un environnement dynamique dans lequel les employés travaillent de longues heures et se défoulent ensuite lors de retraites arrosées hors site ou d’happy hours bruyantes se déroulant sur les trottoirs des pubs, en parlant d’un « travail bien fait ».
Mais sous la surface de ce cliché éculé se cache une vérité troublante : c’est une recette pour l’épuisement professionnel, le désengagement et une culture de travail toxique qui finit par nuire aux résultats financiers.
Le fait de devoir travailler dur se traduit souvent par un cycle de surmenage, où les employés sont censés sacrifier leur vie personnelle et leur bien-être au nom de la productivité. Ce travail acharné peut entraîner un épuisement physique et mental, une augmentation du niveau de stress et un risque accru d’épuisement professionnel. Et lorsque l’épuisement professionnel s’installe, ce ne sont pas seulement les employés qui en souffrent : l’entreprise en ressent les conséquences sous forme d’absentéisme, de baisse de motivation, de créativité, de performance et, en fin de compte, de résultats manqués.
Mais c’est la notion de « jeu intense » qui révèle véritablement la nature insidieuse de ce cliché. Trop souvent, l’idée de « jeu intense » est synonyme de consommation excessive d’alcool, de fêtes et d’érosion générale du professionnalisme. Cette célébration de l’excès peut engendrer un environnement où les comportements inappropriés sont tolérés, voire encouragés, sous couvert de « défoulement ». Du harcèlement sexuel à la toxicomanie, les conséquences de cette culture toxique peuvent être profondes… et dévastatrices.
Dans les années 2010 encore, ces comportements étaient considérés comme faisant partie intégrante de la vie professionnelle de chacun, comme en témoigne un autre cliché trop répandu : « Si vous ne supportez pas la chaleur, sortez de la cuisine ». Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Un environnement de travail sûr et respectueux n’a jamais été une exigence pour tous les employés. C’est désormais le cas. Le mouvement #MeToo a renforcé cette exigence et les cultures toxiques – et les dirigeants qui les président – sont désormais dénoncés dans le monde entier.
Cela affecte non seulement la réputation des dirigeants qui président à ces cultures, mais aussi le cours des actions et les flux de revenus. En effet, la Confédération de l’industrie britannique (CBI) au Royaume-Uni a failli faire faillite en 2022 en raison de sa culture toxique et ne s’en est toujours pas complètement remise.
La mentalité « travailler dur/jouer dur » renforce une dichotomie néfaste : le travail et le jeu sont des forces intrinsèquement séparées et opposées, plutôt que des aspects complémentaires d’une vie équilibrée.
Cette fausse dichotomie crée une dynamique malsaine dans laquelle les employés ont l’impression qu’ils doivent osciller entre les extrêmes, plutôt que de trouver un terrain d’entente durable.
Mais non seulement les attitudes ont changé, mais aussi la manière dont les parents élèvent leurs enfants. Mes parents ne m’ont pas dit de « trouver un employeur qui me respecte et dont les valeurs correspondent aux miennes », mais c’est pourtant ce que nous disons à nos enfants. Nous voulons le meilleur pour eux et nous voulons le meilleur des personnes qui créent l’environnement dans lequel ils travailleront.
Alors, comment les organisations peuvent-elles se libérer de cette approche dépassée et néfaste du travail et créer une culture organisationnelle adaptée à l’avenir ? Voici quelques points clés à prendre en compte, que j’ai mentionnés lors d’une conversation avec le PDG :
- Définir une culture du respect : Vous obtenez la culture que vous choisissez de définir. Établissez des limites et des attentes claires en matière de conduite professionnelle et créez un environnement où les employés se sentent en sécurité et respectés. Tolérance zéro pour le harcèlement, la discrimination ou tout comportement qui porte atteinte à la dignité et à l’autonomie d’autrui.
- Montrer l’exemple : les dirigeants doivent incarner les valeurs et les comportements qu’ils souhaitent cultiver au sein de l’organisation. Adoptez des habitudes de travail saines, fixez des limites appropriées et créez un environnement dans lequel les employés se sentent habilités à faire de même.
- Favorisez l’intégration entre vie professionnelle et vie privée : reconnaissez que le travail et la vie privée ne sont pas des entités séparées mais plutôt des aspects étroitement liés d’un tout. Encouragez les employés à trouver un équilibre sain qui leur permet de s’épanouir dans les deux sphères, sans sacrifier l’une au profit de l’autre.
- Donnez la priorité au bien-être : ne vous concentrez plus sur le surmenage, mais sur la productivité durable. Encouragez les employés à donner la priorité à leur santé physique et mentale et fournissez-leur des ressources pour soutenir leur bien-être, comme des horaires de travail flexibles, un soutien en matière de santé mentale et des initiatives de bien-être.
En adoptant ces principes, les organisations peuvent commencer à démanteler la culture toxique du « travailler dur/jouer dur » et cultiver un lieu de travail qui valorise la durabilité, le respect et l’équilibre.
Ce faisant, ils amélioreront non seulement le bien-être et l’engagement de leurs employés, mais auront également un impact positif sur les résultats et positionneront l’organisation pour un succès à long terme dans un monde en constante évolution.
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