Une nouvelle société enregistrée en Floride sous le nom de Vision Communication et Consultation, LLC s’est officiellement inscrite comme lobbyiste auprès des autorités américaines pour représenter les intérêts d’Emmanuel Vertilaire, conseiller-président au sein du Conseil présidentiel de transition en Haïti. Cette information a été rapportée par le journaliste américain Jake Johnston sur son compte Twitter (X) lundi.
Créée le 5 février 2025, l’entreprise basée à Jacksonville, dont l’adresse principale est située au 3969 Heidi Road West, a déposé son enregistrement au titre du Foreign Agents Registration Act (FARA) sous le numéro 7613. Elle y déclare agir pour le compte d’un “principal étranger” identifié comme le Conseiller-Président Emmanuel Vertilaire, domicilié à Port-au-Prince, Haïti.
Une entente uniquement orale
Dans les documents officiels déposés au Département de la Justice des États-Unis, il est précisé que l’accord entre la firme et M. Vertilaire est fondé sur “une entente verbale”. À ce jour, aucun paiement n’a été effectué, mais les parties “anticipent la négociation et la formalisation des modalités de compensation à une date ultérieure.”
Ce type d’arrangement soulève des questions sur la nature et la transparence des engagements pris, dans un contexte où la diplomatie informelle entre acteurs politiques haïtiens et entités américaines est souvent décriée pour son opacité.
Trois agents déclarés
L’entreprise a désigné trois individus pour agir directement au nom de M. Vertilaire dans le cadre de cette mission de représentation :
Marc Sony Jean Baptiste, chargé de fournir des services de conseil stratégique sur les affaires internationales, la diplomatie, la rédaction de propositions politiques, ainsi que la coordination d’initiatives de relations étrangères. Il devrait aussi faciliter les communications entre le gouvernement haïtien et des organisations extérieures, tout en assurant une gestion de l’image publique.
Nicanord Myrtho, basé en Haïti, aura pour tâche de développer des stratégies de communication internationale, de préparer des documents de recherche, et de soutenir les missions diplomatiques haïtiennes. Bien qu’il ne soit pas appelé à s’impliquer dans des activités de lobbying aux États-Unis, son travail devra “compléter les efforts des agents basés sur le sol américain”.
Frantz Michel, assigné aux mêmes responsabilités que M. Jean Baptiste, axées sur la représentation diplomatique et les campagnes de communication visant à renforcer la position internationale d’Haïti.
Un lobbying au nom d’Haïti ou d’un clan ?
Selon les documents, le pays représenté est explicitement mentionné comme étant Haïti. Cependant, l’enregistrement se fait au nom personnel d’un seul membre du Conseil présidentiel, et non au nom du gouvernement haïtien dans son ensemble, ce qui pourrait poser des questions d’ordre légal et éthique, tant aux États-Unis qu’en Haïti.
Alors que le Conseil présidentiel de transition s’efforce de bâtir une légitimité fragile dans un contexte sécuritaire et politique instable, l’initiative d’un conseiller d’engager une firme de lobbying sans mandat clair ni contrat écrit risque de susciter des tensions internes et des interrogations dans la communauté internationale.
Une affaire à suivre
Le recours au lobbying politique à Washington par des responsables haïtiens n’est pas une nouveauté, et a été souvent dénoncée comme étant quasi-improductif pour le pays, avec des bénéfices la plupart du temps pour des individus ou des clans. La création d’une société uniquement dédiée à cet effet, basée sur une entente orale, interpelle. S’agit-il d’une démarche personnelle ou d’une stratégie concertée ? Le mystère reste entier.
Les regards seront désormais tournés vers les suites de cette inscription, et surtout vers les actions concrètes que Vision Communication et Consultation, LLC entreprendra pour faire avancer les intérêts de M. Vertilaire aux États-Unis.