Haïti annonce un nouveau Conseil Électoral Provisoire

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À l’issue d’une réunion du Conseil des ministres mercredi, le CPT et le cabinet du Premier ministre Garry Conille ont annoncé la nomination d’un conseil provisoire de 7 membres pour organiser un référendum constitutionnel et des élections générales d’ici fin 2025.

PORT-AU-PRINCE — Le gouvernement de transition d’Haïti a officiellement annoncé la création d’un nouveau Conseil électoral provisoire (CEP) pour organiser un référendum au printemps 2025 et des élections générales dans le pays en crise avant le 7 février 2026. La décision de former le CEP a été adoptée lors d’une réunion du Conseil des ministres mercredi.

Comme prévu il y a deux semaines par Edgard Gardy Leblanc Fils, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), le nouveau CEP a été confirmé par un décret Le CPT a été publié le 18 septembre avec sept membres au lieu des neuf prévus par la Constitution et d’autres dispositions légales connexes. Le CPT attend toujours que les secteurs des droits de l’homme et de la défense des droits des femmes désignent leurs représentants.

Les organisations membres de ces deux groupes, qui font partie des acteurs impliqués dans la sélection des membres de l’institution électorale, n’ont pas encore convenu de leurs choix à transmettre au conseil présidentiel pour approbation malgré les date limite elles ont été données en vertu d’un décret du 23 mai 2024 expirant le 26 août.

« La société haïtienne est disjointe », a déclaré Leblanc. « Cela empêche un consensus entre les acteurs et explique le retard dans la nomination du conseil électoral composé de neuf membres. »

Selon le président du CPT, le CEP doit être pleinement opérationnel le plus tôt possible pour s’acquitter des tâches cruciales qui consistent à restaurer la démocratie dans le pays en établissant un mécanisme permettant aux Haïtiens d’élire leurs dirigeants de manière équitable. Leblanc espère que les autres secteurs finiront par mettre de côté leurs divergences pour trouver un compromis sur la personne qui les représentera à l’institution électorale provisoire.

Pour le secteur des droits humains, c’est Gédéon Jean qui a été retenu. Mais le CPT a rejeté sa désignation en raison de la contestation d’un des principaux groupes d’activistes, la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (POHDH). La situation est plus compliquée du côté des organisations de défense des droits des femmes, qui ont désigné deux représentants.

Les acteurs du secteur n’ayant pas réussi à trouver un accord, les organisations Dialogue Inter-Femmes (DIFE) et Kay Fanm – Maison Créole pour les Femmes – et les associations alliées ont organisé deux processus de sélection exclusifs, tous deux jugés contestés.

La composition du CEP

À l’heure actuelle, les sept membres constituant le CEP sont les suivants, sans ordre particulier :

  • Schnaida Adély, représentante des communautés Vodou.
  • Patrick Saint-Hilaire, représentant de la Conférence épiscopale catholique d’Haïti.
  • Peterson Pierre-Louis du secteur des sectes réformées.
  • Marie Florence Mathieu, représentante du Conseil Universitaire d’Haïti.
  • Jacques Desrosiers, représentant les associations de journalistes.
  • Jaccéus Joseph des associations paysannes.
  • Nemrod Sanon, représentant des associations syndicales.

« La société haïtienne est disjointe. Cela empêche un consensus entre les acteurs et explique le retard dans la nomination du conseil électoral composé de neuf membres. »

Edgar Gardy Leblanc Fils, Président du Conseil Présidentiel de Transition

Les responsables n’ont pas encore annoncé la date d’installation du nouveau CEP. Ils n’ont pas précisé s’ils attendaient l’ajout des deux membres manquants avant de pouvoir installer l’institution.

Pendant ce temps, le conseil présidentiel pousse un soupir de soulagement avec cette première étape. La route vers les élections en Haïti a toujours été longue et cahoteuse, avec un paysage sociopolitique complexe où de multiples factions se disputent le contrôle du processus. Cette fois-ci, les choses pourraient être encore plus compliquées dans un climat d’insécurité alimenté par des gangs qui contrôlent plus de 80 % de Port-au-Prince et ses environs, provoquant près de 600 000 personnes seront déplacées.

En effet, la manière dont l’institution électorale a été créée souligne les difficultés de mener un exercice que les Haïtiens n’ont pas pratiqué depuis 2016.

Le besoin de confiance

La nomination d’un CEP réduit a déjà suscité des réactions négatives de la part de différents groupes et individus au sein de la société civile haïtienne. Gardy Maisonneuve, directeur exécutif de l’organisation de défense des droits humains Sant Karl Lévêque, estime qu’en écartant deux des représentants désignés et en nommant un CEP de sept membres, le gouvernement de transition n’a pas entamé le processus d’une manière qui inspire confiance.

« Si c’est comme ça qu’ils procèdent, cela veut dire que les élections qu’ils vont organiser, ils vont peut-être choisir les gagnants et les perdants », a déclaré Maisonneuve au journal The Haitian Times. « Quelqu’un qui pourrait gagner pourrait être un autre.

“Cela crée déjà de grands doutes. C’est une bataille ouverte, surtout dans le domaine des droits de l’homme”, a-t-il ajouté.

Le militant des droits de l’homme a déclaré : « Commencer du bon pied signifie avoir 50 % de chances de réussir, mais commencer mal donnera les mêmes résultats que par le passé. »

Selon le décret du 23 mai et le consensus politique du 3 avril, les représentants des partis politiques ne devraient pas être impliqués dans le processus de sélection. Les dirigeants politiques les plus virulents n’ont pas encore réagi publiquement et n’ont pas répondu aux nombreuses demandes de commentaires du journal The Haitian Times.

Reginald Dumé, l’un des Les Petrochallengersun groupe qui demande que les personnes qui gèrent mal les fonds Petrocaribe rendent des comptes, a fait écho au sentiment de Maisonneuve concernant la nomination du nouveau CEP. Il a cependant déclaré qu’il s’agissait d’une bonne initiative. Dumé a noté que la création du CEP avec des membres manquants n’était pas un bon début.

« Il y a déjà un obstacle qui se dresse sur la route du Conseil électoral provisoire », a déclaré le militant. « S’il y a un problème dès le début, n’y aura-t-il pas beaucoup plus de problèmes dans les jours à venir, notamment avec l’insécurité et la lutte pour des intérêts personnels », s’est interrogé Dumé.


À suivre