Haïti | Dossier HUEH – Rameau Normil (PNH), Patrick Pélissier (MJSP) ont été sollicités depuis le 11 décembre par le Dr Blema, pour le déploiement de policiers, « afin de faciliter une visite d’évaluation »

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République d’Haïti
Ministère de la Santé Publique et de la Population
Bureau du Ministre

BM-12-24
Port-au-Prince, le 11 décembre 2024

Monsieur Patrick PELISSIER
Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique
En ses Bureaux

Monsieur le Ministre,

Le Ministère de la Santé Publique et de la Population vous présente ses compliments et vous saurait gré de bien vouloir passer des instructions au Directeur Général de la PNH, Monsieur Normil Rameaupour un accompagnement policier en vue de faciliter une visite d’évaluation à l’Hôpital Université d’État d’Haïti (HUEH) aux fins de sa réouverture.

Cette facilitation consisterait à assurer la sécurité du périmètre environnant l’HUEH pour le bon déroulement de cette visite d’évaluation. Aussi, le Ministère voudrait attirer votre attention sur l’importance de cette visite, visant à la réouverture bientôt du plus grand centre hospitalier de la capitale.

Assuré de votre entier support à cette démarche, le Ministre de la Santé Publique et de la Population vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ses salutations distinguées.

Dr Dorsainvil Dorche BLEMA
Ministre

Haïti : Incohérences institutionnelles et gestion sécuritaire inefficace

Une lettre datée du 11 décembre 2024 de l’ancien Ministre de la Santé Publique et de la Population, le Dr Dorsainvil Dorche Blema, adressée au Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Patrick Pelissier, dévoile de profonds dysfonctionnements dans la chaîne de commandement de l’Etat d’Haïti, pays considéré comme le plus corrompu de la Caraïbe.

Ce document officiel, consulté intégralement par Réseau Nord-Ouests’il ne mentionne pas explicitement la date du 24 décembre 2024 – qualifiée de « jour d’infamie » – confirme néanmoins que le ministre révoqué avait sollicité l’intervention du ministre de la Justice pour coordonner avec la Police Nationale d’Haïti (PNH) la sécurisation des abords de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) en vue de sa réouverture.

Cette requête, qui revêt en apparence un caractère purement administratif, porte en elle de sérieuses interrogations sur la gestion de la sécurité et la responsabilité politique au sein des institutions haïtiennes. La lettre souligne l’importance d’assurer « la sécurité du périmètre entourant l’HUEH pour le bon déroulement de cette visite d’évaluation », accentuant l’urgence d’une réponse adéquate.

Ce qui est encore plus préoccupant, c’est le maintien en poste de Patrick Pelissier, malgré les critiques croissantes concernant son rôle dans l’effondrement de la sécurité, effondrement qui a coûté la vie à des journalistes et des policiers. Paradoxalement, il a été désigné pour remplacer l’ex-ministre de la Santé, révoqué dans un contexte où l’ensemble de la chaîne de commandement aurait dû faire l’objet d’une réévaluation approfondie.

Une ultime interrogation demeure : le Dr. Blema a-t-il, oui ou non, été en contact avec les gangs de Vivre ensemble par l’intermédiaire de Rosemila Petit-Frère, comme l’a affirmé Pierre Espérance ? Quelle preuve, sous la forme d’une note officielle ou d’un document, viendrait corroborer ces allégations ? Une autre question se pose également : le Dr. Blema a-t-il adressé une correspondance supplémentaire au ministre de la Justice mentionnant explicitement la date exacte du 24 décembre, et si oui, dans quel but ? Pourquoi ces informations semblent-elles se limiter à des fragments laissant place à tant de zones d’ombre ?

Cette lettre ne révèle pas toute l’histoire, et Réseau Nord-Ouest a appris que la visite mentionnée a bien eu lieu, sans aucun lien direct avec l’événement tragique survenu le 24 décembre dernier.

À suivre