À l’heure où Haïti fait face à des crises d’une ampleur sans précédent, entre la montée en puissance des gangs, l’aggravation de la famine, la persécution des migrants haïtiens en République dominicaine et la stigmatisation internationale, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) sombre dans une paralysie interne. Au lieu d’unir leurs forces pour répondre aux besoins urgents de la population, les membres du CPT se livrent à des luttes acharnées pour conserver leurs positions, malgré des accusations de corruption qui éclaboussent plusieurs d’entre eux.
par Elensky Fragelus
Alors que la crise en Haïti atteint un point critique, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) se retrouve paralysé par un conflit interne qui menace de fragiliser davantage la gouvernance du pays. Ce blocage survient au moment où la violence des gangs, la faim, et les tensions frontalières avec la République dominicaine plongent le peuple haïtien dans une profonde détresse. Dans ce contexte dramatique, l’immobilisme des dirigeants du CPT et leur implication présumée dans des affaires de corruption suscitent indignation et inquiétude au sein de la population.
En effet, trois membres influents du CPT, Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin, et Louis Gérald Gilles, ont été mis en cause par l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) dans une affaire de pots-de-vin. Le rapport de l’ULCC révèle que les trois hommes auraient exigé des avantages financiers de Raoul Pierre Louis, ex-directeur de la Banque Nationale de Crédit (BNC), en lui laissant croire à la possibilité de conserver son poste. Malgré ces accusations, ils persistent à occuper leurs sièges au sein du Conseil, défiant ouvertement les appels à la transparence et à l’éthique dans l’exercice de leurs fonctions.
La situation prend une tournure encore plus complexe alors que le mandat du président du CPT, Edgard Leblanc, arrive à échéance ce lundi 7 octobre. Selon les règles établies, la présidence du Conseil devrait revenir à un autre membre parmi Smith Augustin, Fritz Alphonse Jean ou Leslie Voltaire. Cependant, les luttes intestines pour le pouvoir et l’absence de consensus risquent de bloquer cette transition, menaçant ainsi la continuité des actions de l’organe exécutif en place.
Edgard Leblanc refuse de signer le document officiel permettant cette transition, expliquant qu’il ne coopérera pas avec des individus soupçonnés de corruption. Cette situation accentue la paralysie administrative au sein de l’organe exécutif, laissant le Conseil incapable de mener à bien des actions concrètes.
Cette paralysie politique coïncide également avec l’absence temporaire du Premier Ministre Garry Conille, actuellement en déplacement à l’étranger pour une tournée diplomatique aux Émirats Arabes Unis et au Kenya. L’absence de Conille laisse un vide de gouvernance qui renforce le sentiment de flottement au sommet de l’État et laisse planer des doutes sur la capacité de l’administration actuelle à répondre aux crises multiples auxquelles Haïti est confrontée.
L’inaction du Conseil, combinée aux scandales de corruption et aux tensions internes, risque de créer une crise de gouvernance qui pourrait déboucher sur des conséquences encore plus graves pour le pays. Face à la montée en puissance des gangs qui terrorisent la population, l’augmentation du nombre de personnes touchées par la faim et la xénophobie croissante en République dominicaine, les actions du gouvernement haïtien sont plus que jamais nécessaires.
Pour de nombreux observateurs, cette situation témoigne de l’incapacité de certains dirigeants à transcender leurs intérêts personnels au profit du bien commun. Les citoyens haïtiens, confrontés à des défis existentiels, attendent de leurs représentants une gouvernance axée sur la sécurité, la transparence et la lutte contre la corruption. Cette nouvelle crise au sein du Conseil Présidentiel ne fait qu’approfondir les doutes quant à la capacité de l’équipe en place à gérer les affaires du pays avec l’intégrité et le leadership nécessaires en ces temps de grandes turbulences.
Ainsi, dans une atmosphère de défiance croissante, des membres de la société civile haïtienne plaident pour une réforme en profondeur de la gouvernance haïtienne et pour une prise de responsabilité de la part des autorités. Il est urgent que le Conseil Présidentiel surmonte ses divisions internes et réponde aux besoins du peuple haïtien qui, en ce moment même, traverse une des périodes les plus difficiles de son histoire récente.