Le barrage chinois des Trois Gorges est l’un des plus grands au monde, mesurant plus de 600 pieds de haut et s’étendant sur près de 8 000 pieds. Le barrage est si massif qu’il est réputé avoir ralenti la rotation de la Terre. Mais, non contents de construire cet édifice monstrueux, les ingénieurs chinois envisagent désormais de construire un barrage encore plus gigantesque.
Le controversé barrage de Medog doit être construit sur le fleuve Brahmapoutre et devrait produire 300 milliards de kilowattheures d’électricité par an, ce qui le rendrait trois fois plus puissant que le barrage des Trois Gorges.
Mais le projet a reçu le feu vert sans aucune implication des pays en aval du site, ce qui fait craindre que l’Inde et le Bangladesh pourraient à l’avenir être privés d’un approvisionnement en eau essentiel à l’agriculture.
Le barrage de Medog sera construit sur le fleuve Yarlung Tsangpo, connu en Inde et au Bangladesh sous le nom de Brahmapoutre. Surnommé « l’Everest des fleuves », il présente une combinaison unique de débit et de pente sur la planète.
Dans sa section la plus verticale, le Grand Canyon du Tsangpo, la rivière descend dans un virage abrupt connu sous le nom de Grand Courbe avant de traverser la frontière avec la région indienne de l’Arunachal Pradesh.
Sur seulement 30 miles, l’eau tombe à plus de 6 500 pieds, un rêve pour la production d’énergie. Les autorités chinoises prévoient que la future centrale électrique pourrait avoir une puissance bien supérieure à 60 000 mégawatts.
Construire un barrage aussi énorme dans cette zone reculée et dangereuse ne sera pas facile, et le barrage de Medog devrait devenir le projet d’infrastructure le plus coûteux de l’histoire, avec un coût estimé à mille milliards de yuans (environ 110 milliards de livres sterling).
Le plan prévoit de détourner la moitié du débit du fleuve, soit plus de 2 000 mètres cubes par seconde, à travers six tunnels de 19 kilomètres de long creusés dans la roche solide de la chaîne de montagnes himalayenne.
Une intervention de cette ampleur dans le paysage montagneux le plus sismiquement actif de la planète est sans précédent, et toute défaillance structurelle pourrait transformer le barrage en une véritable « bombe à eau » avec des conséquences dévastatrices pour les communautés en aval.
Mais si ce projet ambitieux met la Chine sur la bonne voie pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2060, il suscite d’importantes critiques internationales.
Un rapport de 2024 de l’Australian Strategic Policy Institute avertit que « la Chine travaille discrètement et de manière irréversible à légitimer son contrôle sur les régions frontalières, y compris les territoires en litige avec l’Inde ».
“Peupler ces territoires avec des civils et des infrastructures donne à Pékin une meilleure position de négociation dans les négociations frontalières, lui permettant de rejeter tout accord impliquant le déplacement de ces populations locales.”
Ce barrage colossal renforce l’ancrage de la Chine dans la région. Pékin qualifie la région indienne de l’Arunachal Pradesh de « Tibet du Sud » et la considère, au moins partiellement, comme faisant partie de son territoire.
Selon le rapport annuel 2021 du Pentagone sur la puissance militaire chinoise, Pékin a construit en 2020 un village de 100 maisons dans cette zone disputée avec l’Inde, à proximité de la zone où se développe le projet de barrage de Medog.
Cette démarche est un exemple emblématique de la « tactique du salami », une stratégie basée sur de petits changements répétés qui, au fil du temps, modifient le statu quo sur les cartes et les frontières. Cette même approche a donné des résultats à Pékin dans son contrôle sur la mer de Chine méridionale.