Le président kenyan Ruto visite Haïti dans le cadre des défis d’une mission multinationale et annonce un déploiement de policiers supplémentaires

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Le président kenyan William Ruto s’est rendu samedi en Haïti pour exprimer sa solidarité avec le peuple haïtien et féliciter la police kenyane pour sa collaboration avec les forces haïtiennes. Il a annoncé que 600 policiers kenyans supplémentaires arriveraient dans les deux prochains mois, respectant ainsi l’engagement du Kenya. Ruto s’est également engagé à rendre compte de la situation en Haïti lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies prévu du 20 au 28 septembre.

PORT-AU-PRINCE — Le président kényan William Ruto a annoncé samedi le déploiement de 600 policiers supplémentaires entre octobre et novembre, portant à 1.000 le nombre de policiers engagés par son pays dans la mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) en Haïti, comme prévu initialement. Cette mesure vise à renforcer la Police nationale d’Haïti (PNH) dans sa lutte contre la violence des gangs.

Lors de sa visite en Haïti, la première d’un président kenyan dans l’histoire des relations entre les deux nations, Ruto a salué les efforts des 400 policiers kenyans déjà stationnés en Haïti et a discuté de la nécessité d’augmenter le personnel et l’équipement du Conseil présidentiel de transition (CPT).

« Votre succès ne sera pas seulement celui de la police nationale, mais aussi celui du peuple haïtien et de tous ceux qui croient en la stabilité, la dignité et la démocratie », a déclaré le président kenyan à ses officiers. Il s’est dit confiant dans leur capacité à contribuer au rétablissement de la paix en Haïti.

Edgar Gardy Leblanc Fils, président de la CPT, a accueilli M. Ruto à l’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince, la capitale haïtienne. Cette visite fait suite au déploiement initial de la police kenyane il y a trois mois dans le cadre de la mission multinationale.

Lors d’une conférence de presse conjointe avec Leblanc, Ruto a fait part de ses impressions positives sur la collaboration de la police kenyane avec les forces haïtiennes, notamment dans la sécurisation du port de la capitale et de l’Académie nationale de police de Pétion-Ville. Leblanc a pour sa part souligné la nécessité d’accroître le personnel et les équipements pour renforcer les opérations et permettre à l’État haïtien de gérer durablement sa propre sécurité à long terme.

Sur le tapis rouge, le président du Conseil présidentiel de transition d’Haïti, Edgar Leblanc Fils, et le président du Kenya, William Ruto, reçoivent les salutations des musiciens du palais présidentiel sur le tarmac de l’aéroport international Toussaint Louverture à Port-au-Prince, le 21 septembre 2024. Photo de Juhakenson Blaise/The Haitian Times.

Ruto a également évoqué la nécessité d’une plus grande implication des Nations Unies, s’engageant à partager avec l’Assemblée générale des Nations Unies ses réflexions sur la situation en Haïti. Il a reconnu les défis à relever mais a affirmé l’engagement du Kenya à contribuer à l’instauration de la paix en Haïti.

Défis de la mission et réponse internationale

Malgré les progrès réalisés par la mission multinationale, celle-ci est confrontée à des défis importants, notamment des retards dans le déploiement et l’absence de réception des équipements et du financement promis. Lors d’une récente visite en Haïti, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a suggéré de transformer la mission en opération de l’ONU pour garantir le financement nécessaire et faciliter son succès. Actuellement, la MSS comprend 426 personnes, dont 400 policiers kényans, 24 policiers et soldats jamaïcains et deux militaires bélizéens.

De gauche à droite, le président du Conseil présidentiel de transition, Edgar Leblanc Fils, aux côtés du président du Kenya, William Ruto, entrant dans la base MSS près de l’aéroport international Toussaint Louverture à Port-au-Prince le 21 septembre 2024. Photo de Juhakenson Blaise/The Haitian Times

Dans une récente interview à l’Agence France Presse (AFP), le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est montré très critique à l’égard de la lenteur de la réponse financière des États membres, soulignant le besoin urgent de financements pour soutenir la crise sécuritaire en Haïti. Seuls six pays ont contribué au fonds de l’ONU pour la mission, le Canada et les États-Unis étant les principaux donateurs.

« En temps de guerre, on trouve toujours de l’argent. En cas de crise financière, et lorsqu’il faut sauver les banques, on trouve toujours de l’argent. Quand les gens souffrent dans une situation aussi désespérée, et qu’une somme relativement faible suffit pour établir une petite force en Haïti, il est totalement inacceptable que cet argent ne soit pas disponible », a déclaré M. Guterres.

Jusqu’à présent, seuls six pays ont contribué financièrement à la mission non onusienne, créée il y a environ un an par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Les contributeurs sont le Canada, avec 45 millions de dollars en espèces; les États-Unis, avec 15 millions de dollars; la France, avec 3 millions de dollars; l’Italie, avec 360 000 dollars; et la Turquie, avec 50 000 dollars.

A la lumière de cette question, Blinken a réitéré la nécessité cruciale pour l’ONU de transformer la mission, afin qu’elle soit plus apte à atteindre ses objectifs. Il a fait part du projet américain d’organiser une réunion ministérielle lors de la 79e Assemblée générale des Nations Unies, qui se tiendra à New York du 10 au 28 septembre, pour encourager de nouvelles contributions et renouveler le mandat de la mission.

«Votre succès ne sera pas seulement le succès de la police nationale ; ce sera le succès du peuple haïtien et le succès de tous ceux qui croient en la stabilité, la dignité et la démocratie.

William Ruto, président du Kenya

Le président Ruto n’a exprimé aucune opposition à la transformation de la mission kenyane en une opération de maintien de la paix de l’ONU si le Conseil de sécurité de l’ONU en décide ainsi. Il a réitéré que le mandat du Kenya est de soutenir la police haïtienne et non de diriger une mission militaire.

Préoccupations persistantes en matière de sécurité

Malgré les efforts de collaboration, la situation sécuritaire en Haïti demeure précaire. En août, la PNH, appuyée par des officiers kenyans, a lancé une opération antigang dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince, mais aucun résultat tangible n’a encore été constaté ou rapporté.

La visite du président Ruto avant la 79e Assemblée générale des Nations Unies, qui accueille plus de 100 dirigeants mondiaux, souligne l’engagement international à répondre aux défis sécuritaires d’Haïti. Cependant, des obstacles importants subsistent alors que la mission cherche à stabiliser le pays.

Le Premier ministre haïtien Garry Conille, qui supervise les opérations conjointes, continue de promettre des résultats et exhorte les Haïtiens à la patience. Cependant, des inquiétudes persistent quant à la tenue d’élections dans un contexte d’insécurité persistante malgré la présence des forces de sécurité internationales.

Le gouvernement haïtien a fait mercredi les premiers pas vers l’organisation d’élections en nommant le très attendu Conseil électoral provisoire (CEP). Cependant, le scepticisme demeure quant à la faisabilité des élections dans le climat actuel.

« À quoi va servir ce CEP ? », s’interroge Réginald Dumé, un des dirigeants du groupe Petrochallengers.

« Pour mener à bien les élections, il faut d’abord assurer la sécurité », a-t-il déclaré.

« Il n’y a aucun signe sur le terrain qui suggère que, sur le plan sécuritaire, le pays connaîtra un soulagement dans un avenir proche. Et 100 jours après l’arrivée au pouvoir de Conille, rien n’a changé. »


À suivre