Le président du Conseil présidentiel de transition, Leslie Voltaire, n’a pas mâché ses mots en pointant du doigt l’ancien chef d’État haïtien Michel Martelly. Selon lui, ce dernier aurait sciemment favorisé l’essor des gangs armés pour consolider son pouvoir.
Lors d’une intervention sur TV5 Monde, mercredi 29 janvier, Voltaire a dénoncé l’attitude de Martelly, l’accusant d’avoir délibérément soutenu ces groupes criminels en leur apportant des financements et des armes. Une manœuvre qui, d’après lui, visait à maintenir son influence sur la scène politique haïtienne en s’appuyant sur la violence et l’intimidation.
Ces accusations ne sortent pas de nulle part. Un rapport publié en octobre 2023 par un groupe d’experts de l’ONU mettait déjà en lumière l’implication de plusieurs figures politiques et économiques dans le financement des gangs. Parmi elles, on retrouve l’ancien sénateur Youri Latortue, l’homme d’affaires Reynold Deeb, ainsi que Michel Martelly lui-même.
Selon ce document, l’ex-président aurait directement contribué à renforcer des groupes criminels tristement célèbres, notamment ceux de Village de Dieu, Gran Ravin et la base 257. L’ONU affirme qu’il leur aurait fourni de l’argent ainsi que des armes, leur permettant de s’imposer encore davantage sur le territoire haïtien.
Les soupçons autour de Michel Martelly ne datent pas d’hier. En août 2024, les États-Unis avaient déjà pris des sanctions à son encontre, l’accusant d’avoir facilité l’exportation de cocaïne vers leur territoire et d’avoir entretenu des liens étroits avec les gangs armés.
D’après Leslie Voltaire, ces groupes criminels ont aujourd’hui échappé au contrôle de leurs soutiens initiaux. “Au départ, ils étaient financés par des hommes politiques et des figures influentes du secteur économique. Désormais, ils opèrent en toute autonomie, se spécialisant dans le trafic de drogue et d’armes”, affirme-t-il.
Mais ces activités ne s’arrêtent pas là. “Ils contrôlent aussi le commerce illégal de munitions, une industrie extrêmement rentable. Pire encore, certains sont impliqués dans des réseaux de trafic d’organes”, ajoute Voltaire, précisant que ces bandes armées n’hésitent pas à utiliser les enfants des rues comme boucliers humains dans leurs affrontements.
Michel Martelly, qui a dirigé Haïti entre 2011 et 2016, traîne une réputation entachée de controverses. Son nom revient régulièrement dans des dossiers compromettants, aussi bien en Haïti qu’à l’étranger. Déjà pointé du doigt pour ses propos misogynes et sexistes, il a également été cité à plusieurs reprises dans des affaires liées au narcotrafic. Lors d’un entretien passé, il avait même reconnu avoir été impliqué dans la circulation de cocaïne.
Ces nouvelles révélations ne font que confirmer la situation alarmante qui prévaut en Haïti. Les gangs, autrefois des instruments politiques, sont devenus de véritables organisations indépendantes imposant leurs propres règles. Pendant ce temps, la population subit de plein fouet cette montée en puissance, prisonnière d’un climat de violence et d’insécurité permanent.
Pour briser ce cycle infernal, une véritable volonté politique et une justice sans concession seront nécessaires. Mais tant que les responsables de cette situation ne seront pas inquiétés, l’avenir du pays restera plongé dans l’incertitude.



