À Son Excellence le Capitaine Ibrahim Traoré
Président de la Transition du Burkina Faso
Ouagadougou, Burkina Faso
Objet : Lettre ouverte d’un frère haïtien à un veilleur africain
Excellence,
Depuis les tréfonds de l’Histoire, les puissances qui se disent civilisées ont établi un modèle bien rodé : pour asservir un peuple, il faut d’abord l’humilier. Il faut le faire douter de sa valeur, éteindre sa mémoire, pervertir son identité. On le nomme barbare, on le présente comme incapable, et on l’enserre dans un filet de dépendance qu’il croit nécessaire à sa survie. Ce modèle n’a jamais changé, seuls les outils ont évolué.
Mais les véritables barbares ne sont pas ceux que l’on montre du doigt. Ce sont ceux qui, sous couvert de paix, sèment la guerre. Ceux qui, en proclamant l’aide humanitaire, installent le désespoir. Ceux qui, au nom de la démocratie, choisissent à notre place nos propres dirigeants.
Mon pays, Haïti, en est aujourd’hui la preuve vivante. Nous avons ouvert nos portes, non par naïveté, mais par humanité. Et cette hospitalité, ils l’ont trahie. Ils ont corrompu nos institutions, vidé notre nation de ses repères, saboté toute tentative d’émergence d’un leadership vrai, enraciné, patriote. Leur stratégie est simple : créer un vide de leadership, puis intervenir comme des sauveurs pour mieux contrôler. Mais cette fois, leur plan échoue.
Parce que je suis.
Et je ne suis pas seul.
Je vous écris, Excellence, non pour solliciter un appui passif, mais pour appeler à la conscience stratégique africaine. Car ce qui se joue en Haïti n’est pas une affaire insulaire. Ce n’est pas un simple désordre local. C’est une répétition générale d’un plan plus vaste. Et ceux qui voient clair comprennent que toute attaque contre Haïti est une attaque contre l’Afrique.
Je ne cherche pas de gestes symboliques.
Je ne demande pas l’envoi de forces de l’ordre qui, en toute connaissance de cause, ne feront que prêter main-forte à un scénario rédigé ailleurs. Nous savons que certaines puissances nous utilisent comme un théâtre, et que des acteurs étrangers acceptent de monter sur scène, même en sachant qu’ils n’ont aucun rôle réel à jouer. Ce genre de « coopération » ne sert ni Haïti, ni l’Afrique.
Ce que je demande, c’est la vigilance active de ceux qui, comme vous, rêvent d’une Afrique libre et forte. Une Afrique qui n’envoie pas ses enfants maquiller une occupation, mais qui élève la voix contre l’hypocrisie. Une Afrique qui ne s’aligne pas, mais qui s’élève.
Ils reculent face à l’Afrique en éveil, et pour mieux nous frapper, ils se rabattent sur Haïti. Car ils savent que nous portons dans notre ADN la même lueur de révolte que vous. L’histoire nous a liés par les chaînes, mais aujourd’hui, elle nous unit par le feu.
Je suis Ralf Dieudonné JN MARY, 30 ans, Haïtien, Ingénieur civil, Rédacteur, Auteur, et fils d’un peuple debout. Et je vous tends la main, non pas pour demander l’aumône diplomatique, mais pour sceller une alliance de veilleurs. Car ceux qui rêvent d’un monde juste ne doivent plus lutter seuls.
Avec respect et conviction,
Ralf Dieudonné JN MARY
Professeur de Mathématiques et d’Informatique
Port-au-Prince, Haïti
jeanmaryralf@gmail.com
+509 34520855