La colère contre l’inaction de l’Exécutif de transition face aux gangs qui terrorisent la population est à son comble. À l’appel de membres de la société civile du quartier de Canapé-Vert et de groupes d’autodéfense, des citoyens sont invités à manifester à Port-au-Prince pour dénoncer l’insécurité et exiger le départ du Conseil présidentiel de transition (CPT).
Dès l’aube de ce mercredi, les premières alertes ont été lancées à Pétion-Ville. Des dizaines de citoyens, rassemblés dans le secteur du marché communal, ont lancé des consignes, tandis que d’autres manifestants s’activaient à bloquer les principales voies de circulation. Pneus enflammés, blocs de pierre et amas de détritus ont été disposés sur la voie publique pour marquer un début de colère.
La Police nationale d’Haïti (PNH) a eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser les premiers rassemblements près de l’église Saint-Jean Bosco. Des débordements de foule et des demi-tours précipités de véhicules engagés dans le secteur ont provoqué un vent de panique dans la commune. Les activités socio-économiques ont été quasiment à l’arrêt : grand commerce, administration publique, transport en commun et écoles étaient paralysés.
À Delmas, la gronde populaire a été marquée par des tirs sporadiques, des menaces contre les civils et des appels à la mobilisation. Dans le quartier de Delmas 95, une patrouille policière a dû faire face à des hommes armés qui exigeaient le retrait des forces de l’ordre. Des échanges musclés entre manifestants et policiers ont dégénéré en affrontements intenses. Révoltés par l’inaction des autorités face aux gangs, les manifestants ont également dénoncé la répression policière.
L’initiative du « Mercredi noir », qui vise à appeler à l’action contre l’insécurité et la violence des gangs armés, s’est étendue à d’autres zones telles que Christ-Roi, Bourdon, Canapé-Vert et le centre-ville de Port-au-Prince. Pour les organisateurs, l’objectif du mouvement est clair : déloger les membres du Conseil présidentiel de transition et les responsables du gouvernement provisoire retranchés à la Villa d’Accueil et à la Primature, jugés insensibles au sort des victimes des gangs armés et des déplacés forcés, hébergés dans des camps de fortune dans des conditions inhumaines.
La Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), mandatée par les Nations unies et dirigée par le Kenya pour soutenir les forces haïtiennes, brille par son absence sur le terrain. Depuis plus de deux semaines, les soldats kenyans sont invisibles à Kenscoff, désormais sous le contrôle des gangs, déplore l’agent exécutif intérimaire de la commune, Massillon Jean.
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com