Note de mise en garde de la FEDOFEDH sur la décision du CPT et du gouvernement de nommer 10 délégués départementaux et 42 vice-délégués.
La Fédération des organisations de femmes pour l’égalité des droits humains (FEDOFEDH) exprime ses préoccupations face à la récente décision du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et du gouvernement de nommer 10 délégués et 42 vice-délégués dans le cadre de l’administration territoriale. Cette décision, bien qu’importante, doit impérativement tenir compte des engagements nationaux et internationaux d’Haïti en matière d’égalité des genres, notamment le respect du quota d’au moins 30 % de femmes dans les sphères de pouvoir et de décision, tel que stipulé dans la Constitution haïtienne amendée de 1987 (article 17.1) et les obligations découlant de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).
Le respect du quota des femmes dans les nominations à des postes stratégiques n’est pas seulement une obligation légale, mais aussi un impératif moral et pragmatique pour garantir une représentation inclusive. Sur ces 52 postes, le CPT et le gouvernement doivent se rappeller qu’ils doivent impérativement nommer au moins 16 femmes. Si ce quota n’est pas respecté, cela renforce les inégalités systémiques qui continuent d’entraver l’accès des femmes aux espaces décisionnels.
L’intégration des femmes dans les postes de décision est cruciale pour conduire des réformes structurelles et sociétales. Lorsque les femmes occupent des positions de leadership, elles introduisent des perspectives nouvelles et favorisent des politiques inclusives, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) et du développement communautaire.
Considerant ces reférences légales internationales :
-Objectifs de développement durable (ODD) : L’ODD 5 vise à « assurer la participation pleine et effective des femmes à tous les niveaux de prise de décision ».
-Déclaration de Beijing (1995) : Cette déclaration exhorte les États à garantir l’égalité des chances pour les femmes dans les structures politiques.
-Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies : Elle souligne le rôle crucial des femmes dans la consolidation de la paix et la prise de décisions dans les contextes de crise et de développement.
Considerant ces xemples de réalisations remarquables de femmes leaders :
Ellen Johnson Sirleaf (ancienne présidente du Libéria) : Première femme élue à la présidence en Afrique, elle a joué un rôle clé dans la reconstruction de son pays après la guerre civile.
Michelle Bachelet (ancienne présidente du Chili) : Elle a mis en œuvre des politiques progressistes pour réduire les inégalités et renforcer la sécurité sociale.
Dr. Florence Duperval Guillaume (Haïti) : En tant que ministre de la Santé, elle a joué un rôle essentiel dans la réponse à l’épidémie de choléra.
La FEDOFEDH demande instamment au CPT et au gouvernement :
1. De garantir qu’au moins 30 % des postes de délégués et vice-délégués soient attribués à des femmes.
2. D’organiser un audit transparent pour évaluer le respect des quotas de genre dans les nominations publiques.
3. De promouvoir des formations et des initiatives pour soutenir les femmes dans l’accès aux responsabilités publiques.
Les femmes haïtiennes doivent occuper des espaces de pouvoir, non seulement pour respecter leurs droits, mais aussi pour permettre à Haïti de bénéficier pleinement de leur leadership et de leurs compétences. Le développement du pays ne peut être atteint qu’à travers une participation équitable et inclusive de tous ses citoyens.
Fait à Port-au-Prince, le 20 janvier 2025
Pour la FEDOFEDH,
Novia Augustin Alusma, Présidente
Kerlyne Blanc, Secrétaire Générale