paire Leconte Dor
La cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024, qui a enveloppé le Stade de France de ses lumières éclatantes le 11 août, a marqué l’apogée d’une aventure haïtienne empreinte de symboles et de fierté. Pourtant, ce que le monde a pu voir de nos athlètes, ce n’est que l’arbre qui cache la forêt.
Derrière chaque foulée, chaque saut, chaque coup donné avec détermination, se cache une réalité plus vaste et plus prometteuse : celle d’une capacité réelle, immense, prête à s’épanouir, si seulement elle était nourrie du soutien et de la préparation nécessaires, façonnés aux critères du haut niveau international. Si la mission haïtienne à Paris a été une réussite sur le plan logistique, avec des athlètes qui n’ont manqué de rien, ces Jeux ont également révélé un paysage bien plus profond à explorer, un potentiel latent qui ne demande qu’à être révélé.
À l’issue des Jeux Olympiques de Paris 2024, une vérité se dresse, aussi majestueuse qu’une forêt cachée : ce que nous avons vu n’est qu’une petite partie du potentiel gigantesque de nos athlètes. Comme des arbres vigoureux attendant leur heure, leur véritable capacité reste encore largement inexploitée, étouffée par un manque de soutien et une préparation en deçà des exigences du haut niveau. Le Docteur Hans Larsen, Président du Comité Olympique Haïtien, a martelé l’évidence : sans un engagement structuré et nourri, les rêves de médailles resteront des fruits inaccessibles, suspendus au sommet de l’arbre. De son côté, Monsieur Fritz Gerald Fong a rappelé que, bien que la mission ait été une réussite logistique – offrant à nos athlètes un séjour sans manque –, il est désormais impératif de les préparer comme de véritables champions, selon les standards les plus élevés.
Ce que nous avons vu à Paris n’est qu’un aperçu ; il est temps de découvrir la forêt entière et de permettre à nos athlètes de grandir pleinement, de déployer leurs branches et de porter les fruits de leur véritable potentiel sur la scène mondiale.
Avec 7 athlètes engagés dans 5 disciplines sportives, Haïti, à travers le Comité Olympique Haïtien, a relevé le défi d’être présent à Paris, avec pour objectif de véhiculer une image positive du pays, loin des stéréotypes de politiciens malhonnêtes et de gangsters semant la terreur. Ces athlètes, malgré un manque de soutien et de préparation adéquats pour une compétition d’une telle envergure, ont su prouver au monde entier leur potentiel et leur détermination.
En athlétisme, Christopher Borzor s’est hissé jusqu’en quart de finale, affrontant des adversaires redoutables, tandis qu’Emélia Andrea Chatfield a été éliminée lors du repêchage.
En boxe, Cédric Duliepre Belony, malgré une blessure contractée en Thaïlande lors de sa qualification, a livré un combat acharné avant de s’incliner en quart de finale face à Wanderley de Souza Pereira. En gymnastique, Lynzee Brown a établi un nouveau record personnel avec une prestation honorable. Philippe Metellus, en judo, a montré une détermination exemplaire malgré sa défaite. Enfin, en natation, Mayah Chouloute et Alexandre Grand-Pierre ont dignement représenté Haïti.
Le Docteur Hans Larsen, Président du Comité Olympique Haïtien, a souligné l’importance cruciale d’un investissement soutenu dans le sport : « Si nous avions investi dans le sport, nous aurions des résultats. » Il a ensuite ajouté : « Les fédérations sportives n’ont reçu aucune subvention de l’État haïtien depuis plus de cinq ans, et le contexte actuel du pays a entraîné le départ de la majorité de nos formateurs en matière de sport, ce qui rend le processus de développement boiteux. » Enfin, il a conclu en affirmant : « Il n’y a pas de génération spontanée. Le succès ne s’obtient que par un travail assidu. »
D’un autre côté, Monsieur Fritz Gerald Fong, Président de la Commission Technique et Chef de Mission de la délégation haïtienne, a partagé ses réflexions sur la mission. Tout d’abord, il a déclaré : « Sur le plan logistique, la mission à Paris pour les Jeux Olympiques a été une réussite. Nous tenons à remercier un grand nombre de personnes qui ont rendu cette mission possible : les employés du Comité Olympique, les membres du COH, les entraîneurs, et bien sûr, les athlètes. On pu le constater, notre délégation n’a manqué de rien. Les équipements spécifiques étaient disponibles, un soutien financier a été fourni aux athlètes, et l’hébergement était assuré. À ce point de vue, c’est une satisfaction totale. »
Ensuite, en tant que Président de la Commission Technique, il a abordé la performance des athlètes en précisant : « Dans les circonstances que nous connaissons, avec la situation difficile des fédérations, il est important de noter que ces sept athlètes participaient pour la première fois aux Jeux Olympiques. Malgré cela, ils ont démontré un potentiel énorme, bien que cela n’ait pas suffi pour remporter des médailles. »
Enfin, Monsieur Fong a conclu en proposant une initiative pour l’avenir : « Je propose de constituer une base avec cinq athlètes parmi les sept qui ont participé aux Jeux, et de les prendre en charge dès maintenant à travers un programme structuré. Ils devront participer aux compétitions du cycle olympique afin de se préparer au mieux pour les prochaines échéances. »
Du côté des athlètes, la motivation reste palpable, et beaucoup ont exprimé leur gratitude envers le Comité Olympique Haïtien pour l’encadrement reçu. Philippe Métellus, après son combat, a partagé ses sentiments : « Je regrette de ne pas avoir pu faire mieux, mais je reste motivé pour le prochain défi. Merci au Comité pour tout le soutien. » De son côté, Cédric Duliepre a déclaré avec émotion : « Merci d’avoir été avec moi pendant ces Jeux. C’est une fierté immense de représenter mes racines. Même si la préparation n’a pas été optimale, ce n’est pas la fin. Je reviendrai. » Ces déclarations témoignent d’une détermination intacte et d’une volonté de continuer à se battre pour porter haut les couleurs d’Haïti.
Alors que les feux des Jeux Olympiques de Paris 2024 s’éteignent, il est essentiel de ne pas laisser l’euphorie de cette participation se dissiper comme cela a pu être le cas lors des éditions précédentes. L’arbre de nos réussites et de notre présence visible ne doit pas cacher la forêt du travail colossal qui reste à accomplir. Pour que le potentiel de nos athlètes puisse s’épanouir pleinement, il est crucial que tous les acteurs du monde sportif haïtien unissent leurs efforts, chacun dans la limite de ses compétences et de ses actions.
La préparation pour les Jeux de 2028 commence dès aujourd’hui et doit s’inscrire dans chaque compétition à venir entre 2024 et 2028. Le prochain rendez-vous, les Jeux Panaméricains de la Jeunesse à Asunción, au Paraguay, sera une étape clé pour évaluer et renforcer nos forces. C’est à travers cette stratégie continue et collective que nous pourrons transformer l’élan de Paris 2024 en un véritable tremplin pour l’avenir du sport haïtien.
Leconte Dor