La foule rassemblée à Delmas 40B pour dénoncer la mauvaise gouvernance du Conseil présidentiel de transition (CPT) a été violemment réprimée par des membres des unités spécialisées de la Police nationale d’Haïti (PNH).
Incapable de neutraliser les gangs armés qui terrorisent la population civile à Port-au-Prince et dans d’autres régions du pays depuis plus de cinq ans, la PNH fait pourtant preuve de zèle dès qu’il s’agit de disperser des mouvements populaires. Les manifestants, qui s’étaient réunis à Delmas 40B — faute de pouvoir passer par le Carrefour de l’aéroport sous contrôle des gangs — ont parcouru plusieurs kilomètres avant d’être violemment dispersés par des agents de l’Unité départementale de maintien d’ordre (UDMO).
Plusieurs militants, dont Nicholson Pierre dit « Bab » et Francesse Baptismé, ont dénoncé la brutalité avec laquelle la police a tenté d’étouffer le mouvement. L’usage excessif de gaz lacrymogène, les opérations de dégagement des barricades de pneus enflammés et les tirs de balles en caoutchouc ont marqué le début de cette mobilisation. Au moins deux manifestants ont été blessés, tandis que des passants ont dû fuir précipitamment un secteur devenu impraticable à cause des jets de pierres.
Les manifestants ont dénoncé la multiplication des « territoires perdus », l’indifférence des autorités face à la montée en puissance des groupes armés, le gaspillage des ressources publiques par un CPT jugé inutile, et la corruption érigée en système. Déçu, Stevenson Telfort alias « Atròs » — leader du Mouvement Jeunesse Debout et rappeur du groupe « Rockfam Lame a » — a annoncé la suspension du parcours initialement prévu, en vue de repenser les stratégies de mobilisation.
Hervé Nöel – vevenoel@gmail.com



