Elon Musk au sommet sur l’intelligence artificielle à Bletchley Park, au nord-ouest de Londres, le 1ᵉʳ novembre 2023. LEON NEAL/POOL VIA REUTERS Barbancourt le rhum des connaisseurs Les gouvernements ont-ils peur d’Elon Musk ? La question semble légitime, au vu de la tiédeur des réactions alors que le patron de X, Telsa et SpaceX a multiplié depuis un an
Les gouvernements ont-ils peur d’Elon Musk ? La question semble légitime, au vu de la tiédeur des réactions alors que le patron de X, Telsa et SpaceX a multiplié depuis un an les insultes contre des responsables politiques de plusieurs pays – allant jusqu’à comparer le premier ministre canadien, Justin Trudeau, à Hiltler, en février 2022, lors du « convoi de la liberté », le mouvement routier antivaccin, et que son réseau social est accusé d’avoir joué un rôle important dans les émeutes racistes qui ont touché le Royaume-Uni du 30 juillet à début août, sans réelles conséquences pour lui. Le premier ministre britannique, Keir Starmer, même directement pris à partie par M. Musk toute la semaine du 5 août, est resté très mesuré dans ses réponses.
Mais sanctionner X ou son patron n’est pas si simple pour les autorités britanniques. Sorti de l’Union européenne (UE), le Royaume-Uni ne bénéficie pas du Digital Services Act (DSA), le principal règlement européen qui régule les réseaux sociaux. Le texte prévoit notamment une procédure d’urgence qui permet de « mettre les plates-formes face à leurs responsabilités »rappelle-t-on dans l’entourage de Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur. « Le DSA commence à faire des envieux, y compris aux Etats-Unisexplique son cabinet. Les Britanniques voient aussi les avantages qu’il y a à avoir une régulation claire. »
La Commission européenne en première ligne
Conséquence indirecte : beaucoup de responsables européens considèrent désormais que la régulation de X se joue au niveau de l’UE. Et préfèrent renvoyer les questions sur ce point à Bruxelles, où le commissaire Thierry Breton, chargé de l’application du DSA, est l’un des rares responsables politiques qui n’hésite pas à répondre frontalement – et sur X – à Elon Musk. Dans les rapports de force avec les grandes plates-formes, « la parole politique joue aussi, évidemment, un rôle, et il est logique que Thierry Breton la porte »juge son cabinet.
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