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Plus de deux siècles après l’indépendance d’Haïti, son peuple reste non protégé et sans voix sur la scène mondiale. Patrick Alexis plaide pour une action collective pour récupérer la dignité et exiger le respect.
Le 1er janvier 1804, Haïti est entrée dans l’histoire du monde en tant que première République noire indépendante. Ce triomphe de l’esclavage et de l’oppression coloniale a été plus qu’une victoire politique – c’était une révolution humaine, une remise en état de dignité. Pourtant, deux siècles plus tard, les Haïtiens se retrouvent sans défense, sans protection et sans voix sur la scène mondiale.
Depuis sa création, notre nation a été enchaînée par une «dette d’indépendance», extorquée par la France comme le prix de la reconnaissance. Ce chantage historique a drainé notre économie et a ralenti le progrès social pendant plus d’un siècle. Aujourd’hui encore, ce fardeau invisible persiste, hantant notre présent.
Au fil du temps, l’État haïtien s’est effondré. Les institutions sont fragiles. Leaders, faibles ou corrompus. Les priorités nationales n’ont pas pris en compte. Notre diplomatie s’est flétrie dans le silence – sans défendre les droits haïtiens à l’étranger ou pour affirmer une politique étrangère enracinée dans notre souveraineté.
Ceux qui cherchent du respect doivent d’abord le gagner. Les Haïtiens, au pays et à l’étranger, ne peuvent pas compter sur la pitié ou la charité. Nous devons collectivement récupérer notre destin. Cela commence par l’éducation. Une éducation véritablement haïtienne – parfaite sur notre culture, notre histoire, notre langue et nos réalités vécues – doit servir de base à une nouvelle conscience civique. Un peuple sans éducation nationale solide est sans défense face à l’adversité.
Aujourd’hui, les Haïtiens sont chassés, expulsés, interdits et rejetés – souvent au nom de la «sécurité» et de la «souveraineté» par ceux qui profitent de notre souffrance. Les politiques de migration rigides bloquent notre exode alors même que nous fuyons la pauvreté, la violence, la corruption et l’exclusion. Autrefois symbole de force et de détermination, les Haïtiens deviennent un peuple errant – de partout.
Mais qui nous défendra?
Qui réaffirmera la vérité de notre passé glorieux, affrontera notre présent complexe et envisagera notre avenir possible?
Quand déciderons-nous de saisir notre destin, exigeant le respect sans attendre la validation des puissances étrangères – les pouvoirs trop souvent complices de notre désespoir?
Dans le monde globalisé d’aujourd’hui, la réciprocité et l’échange équitable ne sont pas négociables. Les Haïtiens ne doivent pas demander de respect; Nous devons l’exiger. L’histoire se souvient de nos sacrifices – les haïtiens qui ont perdu du sang pour la liberté des autres en Amérique du Sud, Savannah et Afrique. Notre solidarité était réelle. Le respect doit être aussi.
Pourtant, la communauté internationale reste ambiguë – généreuse en rhétorique, destructrice en action. Nous devons rompre avec l’hypocrisie des nations «amicales» qui colportent des solutions inefficaces, voire toxiques sans considérer les réalités politiques, économiques, sociales et anthropologiques d’Haïti.
Nous avons besoin d’alliés, pas de maîtres. Solidarité, pas interférence. Coopération, pas domination.
Le peuple haïtien mérite mieux. Nous méritons le respect, la dignité, la justice et une place égale parmi les nations. Mais pour que cela se produise, nous devons nous lever, nous unir, nous connaître et reconnaître notre valeur.
Qui défendra le peuple haïtien, sinon nous-mêmes?
Parce que personne d’autre ne nous sauvera.
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