L’arrêt brutal de l’aide américaine à la lutte contre le VIH/sida risque d’effacer plus de deux décennies d’avancées, selon un rapport alarmant publié jeudi par l’ONUSIDA. Présenté en Afrique du Sud, ce document met en garde contre une « bombe à retardement » sanitaire et humanitaire mondiale.
Jusqu’à récemment, quelque 31,6 millions de personnes bénéficiaient d’un traitement antirétroviral, et le nombre de décès liés au sida avait chuté de plus de moitié par rapport à 2010. Mais cette dynamique est aujourd’hui menacée. Le retrait des financements du programme PEPFAR — initiative phare des États-Unis — pourrait provoquer, selon l’ONUSIDA, plus de six millions de nouvelles infections et 4,2 millions de décès en quatre ans.
« Ce n’est pas qu’une question de budget, c’est une bombe à retardement », a insisté Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’agence onusienne. Elle dénonce une décision « cruelle » de l’administration Trump, qui a réduit l’aide humanitaire au moment où elle restait cruciale.
Les effets sont déjà visibles : au Nigeria, le nombre de personnes sous traitement préventif a chuté de 85 % au premier semestre 2025. Plus de 60 % des organisations dirigées par des femmes ont dû suspendre leurs services. En Afrique du Sud, des recherches vitales ont été interrompues.
Malgré tout, l’ONUSIDA note que plusieurs pays à revenu faible ou intermédiaire commencent à renforcer leurs financements nationaux. Mme Byanyima plaide pour une réforme des institutions financières et des allègements de dette afin de donner aux pays les moyens de répondre eux-mêmes à cette crise persistante.
« La lutte contre le sida reste un symbole de solidarité mondiale. L’abandon n’est pas une option. »



