Un nouveau chapitre : Garry Pierre-Pierre se retire de son poste d’éditeur du Haitian Times

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Aperçu:

Le fondateur du Haitian Times, Garry Pierre-Pierre revient sur 25 ans à la tête du Haitian Times et annonce sa transition d’éditeur à conseiller spécial.

En 2024, le Haitian Times a franchi une étape monumentale : son 25e anniversaire. Parfois, j’ai l’impression que j’ai lancé cette publication il y a seulement 25 jours pour servir la communauté haïtienne. D’autres fois, cela ressemble à 250 ans. Quelque part entre ces exagérations se trouve la réalité : ce bébé – mon bébé – est devenu une institution vieille d’un quart de siècle.

Le moment est désormais venu de se retirer et de confier son avenir aux mains compétentes de Vania Andre, ma compagne de la dernière décennie. Le 1er janvier, jour de l’indépendance d’Haïti, j’ai démissionné de mon rôle d’éditeur. Laissons la barre à Vania.

Ensemble, Vania et moi avons navigué dans les eaux inexplorées du paysage médiatique numérique, un monde qui m’était inconnu. Tandis que j’encadrais Vania sur les complexités de notre communauté et les nuances liées à la gestion d’une publication, elle a apporté de nouvelles perspectives et compétences techniques, préparant ainsi le Haitian Times aux défis d’un environnement médiatique en évolution rapide. Avec l’essor de l’intelligence artificielle et d’autres technologies transformatrices, il est normal qu’une nouvelle génération prenne les commandes.

En réfléchissant à ces 25 années, je suis inondé de souvenirs de hauts et de bas. Un moment ressort clairement : les premiers jours, lorsque nous construisions notre identité de marque. Notre approche du journalisme – un reportage délibéré et fondé sur des faits – était une anomalie dans un paysage médiatique dominé par le sensationnalisme et la rhétorique partisane. Certains partisans nous ont exhortés à emprunter une voie plus grandiloquente, arguant que cela attirerait l’attention et l’allégeance. Mais je leur ai gentiment rappelé que je n’avais pas quitté un rôle respecté au New York Times pour me lancer dans un journalisme douteux. Mes anciens collègues regardaient et je devais envers eux – et envers moi-même – de respecter les normes d’intégrité et de rigueur.

Au fil du temps, notre engagement inébranlable en faveur d’un journalisme de qualité a conquis les sceptiques. Le Haitian Times est apparu comme une voix fiable, libérée des enchevêtrements politiques qui assombraient souvent les médias de notre communauté. Nous avons centré notre couverture sur la diaspora haïtienne, offrant une vision d’Haïti et de la communauté au sens large qui a profondément résonné. Cette approche serait particulièrement importante au début des années 1990, alors que la communauté haïtienne aux États-Unis grandissait et gagnait en visibilité.

Pourtant, tous les chapitres de notre histoire n’ont pas été triomphants. L’une de mes plus grandes déceptions personnelles et professionnelles a été l’élection de Mathieu Eugène, le premier Haïtien-Américain élu au conseil municipal de New York. Bien que sa victoire ait été historique, son mandat n’a pas rendu service à notre communauté. Son allocation de fonds discrétionnaires a souvent contourné les organisations haïtiennes et noires, laissant dépérir des ressources communautaires vitales. Des années plus tard, lorsque nous disposions des ressources nécessaires pour réaliser des reportages d’investigation, nous avons révélé les lacunes d’Eugene. Son échec à obtenir le siège de président de l’arrondissement de Brooklyn après la limite des mandats a été un moment doux-amer de responsabilité. Bon débarras.

Alors que le Haitian Times se tourne vers l’avenir, le prochain chapitre regorge de possibilités. Nous prévoyons d’étendre notre couverture au-delà des centres traditionnels comme New York, la Floride et le Massachusetts pour englober les communautés haïtiennes en pleine croissance dans le Midwest, le Sud-Est et le Sud-Ouest. Le Canada, l’Europe occidentale et l’Amérique du Sud sont également sur notre radar alors que nous nous efforçons de réaliser notre devise « Bridging the Gap ».

L’épicentre de la diaspora haïtienne se déplace, et Le Haitian Times reflète déjà cela évolution. Nous nous engageons à découvrir des histoires inédites, à favoriser les liens et à nous intégrer comme une ressource indispensable pour le voyage de notre communauté en Amérique et au-delà.

Quant à moi, mon travail est loin d’être terminé. Au cours de l’année à venir, je servirai de conseiller spécial auprès de Vania, en me concentrant sur l’expansion et la sécurisation des ressources financières. Au-delà de cela, j’envisage de lancer un centre dédié à la formation des journalistes et propriétaires de médias haïtiens. Renforcer le secteur des médias en Haïti n’est pas seulement un objectif professionnel mais une mission personnelle. Des médias solides et fondés sur des faits sont essentiels pour contrer la désinformation qui sévit depuis longtemps en Haïti et, plus récemment, dans le monde.

Libéré des exigences des opérations quotidiennes, j’ai également l’intention de revenir à la rédaction d’une chronique hebdomadaire, partageant idées et conseils avec les dirigeants de la diaspora et d’Haïti. Mon public principal sera la diaspora, en particulier la génération émergente d’Américains haïtiens. Contrairement à ma génération, qui se considérait souvent comme à cheval sur deux mondes, cette nouvelle cohorte a le potentiel de redéfinir notre place dans la société américaine tout en restant profondément liée à Haïti.

Si nous ne construisons pas de ressources institutionnelles et de capacités financières, nous risquons de ne plus être pertinents, tant en Amérique qu’en Haïti. Cette conviction a toujours été la force motrice du Haitian Times. C’était une mission si essentielle pour moi que j’étais prêt à quitter une carrière prometteuse pour la poursuivre.

En prenant du recul, je le fais avec confiance en Vania et en notre équipe exceptionnelle. Ils porteront le Haitian Times vers des sommets encore plus élevés. Ce fut l’honneur de ma vie de vous servir, nos lecteurs, et je reste profondément reconnaissant pour votre confiance et votre soutien.

Tenir bon.

À suivre