Jeudi, des milliers de résidents de Port-au-Prince ont évacué précipitamment leurs domiciles pour échapper aux affrontements violents entre les gangs et la police dans le quartier de Solino, l’un des derniers bastions de la capitale encore relativement épargné. Ce quartier est devenu le théâtre d’affrontements intenses entre la police et la coalition de gangs Viv Ansanm, exacerbant une situation de violence dans un contexte politique troublé.
Des scènes de panique ont été observées : des familles emportant à la hâte matelas, meubles et effets personnels, fuyaient pour trouver refuge loin des tirs croisés. Un habitant qui a requis l’anonymat témoigne de l’ampleur de la crise : « Nous avons à peine réussi à sortir », a-t-il déclaré, portant son fils dans ses bras. « J’ai vécu ici quarante ans, et je n’ai jamais vu une situation aussi grave. »
La crise s’est intensifiée depuis dimanche, lorsque le Conseil Presidentielde transition haïtien a évincé le Premier ministre de facto, Garry Conille, dans le but de tenter de rétablir l’ordre démocratique, déclenchant des luttes internes qui semblent offrir aux gangs de nouvelles opportunités de consolider leur contrôle.G9 an fanmi changé en « Viv Ansan »m, comme d’autres groupes criminels, profite souvent de la vacance du pouvoir pour étendre son influence criminelle.
La situation a dégénéré au point que les gangs ont perturbé les opérations de l’aéroport principal du pays, endommageant plusieurs avions et blessant une hôtesse de l’air. Les Nations Unies ont rapporté 20 affrontements armés en une seule journée dans la capitale, estimant que les gangs contrôlent aujourd’hui 85 % de Port-au-Prince. Malgré la présence d’une mission de répression de la violence menée par la police kenyane et soutenue par l’ONU, la sécurité reste hors de contrôle.
Le Premier ministre par intérim, Alix Didier Fils-Aimé, a dénoncé les tirs visant les avions, mais aucune intervention significative de son gouvernement n’a été observée pour rétablir la sécurité. En attendant, les réseaux sociaux relayent des images de Solino envahi par la fumée et le bruit des détonations, tandis que les résidents continuent de quitter le quartier en masse.
Le meurtre d’un policier engagé dans la lutte contre les gangs a aggravé les tensions, alors que les gangs continuent de semer la terreur, forçant les habitants à abandonner leurs maisons et brûlant leurs biens. En octobre dernier, une offensive similaire avait déjà contraint des centaines de résidents de Solino à fuir dans des conditions précaires.