Les forces haïtiennes et multinationales tuent 20 membres de gangs à Pétion-Ville alors que les appels à un soutien international plus fort se multiplient

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La Police nationale haïtienne (PNH) a rapporté lundi que ses opérations de trois jours, menées aux côtés des forces multinationales dirigées par le Kenya, ont entraîné la mort de 20 membres du gang Kraze Baryè. Lors des raids dans le bastion notoire du gang, un véhicule blindé du Soutien multinational de sécurité (MSS) a été incendié par le gang. Cependant, aucune victime n’a été signalée parmi les policiers et le Ministre Garry Conille, PNH, MSS, mission dirigée par le Kenya en Haïti.

PORT-AU-PRINCE — La Police Nationale d’Haïti (PNH) a confirmé lundi que 20 membres de gangs ont été tués lors d’opérations conjointes avec la mission Multinational Security Support (MSS) du 12 au 14 octobre à Torcel, Pétion-Ville. L’opération a visé le fameux gang Kraze Baryè dirigé par Vitélhomme Innocent, entraînant la saisie d’armes à feu, de munitions et de matériel sensible. Cependant, un véhicule blindé MSS a été détruit lors de l’offensive.

La PNH a indiqué que le numéro deux du gang Kraze Baryè, connu sous le nom de Deshommes, a été blessé lors d’une fusillade avec les forces de l’ordre.

Malgré la perte du véhicule blindé, la police a assuré que les opérations visant à neutraliser Innocent et ses complices se poursuivraient. L’opération s’inscrivait dans le cadre des efforts en cours visant à démanteler les gangs armés à travers le pays, en particulier dans les zones contrôlées par les gangs comme Torcel, une localité de la commune de Pétion-Ville, dans la banlieue sud-est de Port-au-Prince.

“Nos courageux officiers ont mené des opérations dans des zones stratégiques utilisées par les criminels pour commettre leurs crimes”, a indiqué la PNH dans un communiqué. “Nous restons déterminés à neutraliser Vitelhomme Innocent et son réseau de complices.”

Le véhicule blindé du MSS a été incendié par des membres du gang après s’être retrouvé coincé dans un fossé. Selon une source du MSS, les agents kenyans à bord du véhicule ont réussi à évacuer avant que celui-ci ne soit incendié. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent le véhicule en flammes, les membres du gang célébrant cet acte et jurant de détruire davantage d’équipement.

Le MSS continue de faire face à des pénuries d’équipements

La destruction du véhicule blindé ajoute aux défis auxquels est confronté le MSS, qui est aux prises avec un manque d’équipement, un manque de personnel et un financement limité. Actuellement, seuls 407 des 2 500 membres attendus du MSS sont déployés en Haïti, ce qui limite considérablement l’efficacité de la mission.

C’est la deuxième fois que des gangs ciblent directement les forces du MSS. En juillet, un policier kenyan a été blessé lors d’une attaque de gangs dans le centre-ville de Port-au-Prince alors qu’il sécurisait un camion pillé. L’officier a été évacué vers la République dominicaine pour y recevoir des soins médicaux avant de reprendre ses fonctions.

Le Premier ministre haïtien Garry Conille, lors d’une visite au Kenya le 10 octobre, a fait part de ses inquiétudes concernant le manque d’équipement auquel est confrontée la mission. Il a exhorté le président kenyan William Ruto à soutenir une nouvelle stratégie de sécurité, qui comprend le renforcement des équipements tels que les véhicules blindés et le soutien aérien. Ruto s’est engagé à plaider pour davantage de ressources auprès de ses partenaires et alliés traditionnels, ainsi qu’à déployer 600 policiers kenyans supplémentaires pour renforcer les opérations sur le terrain.

Intensification de la violence des gangs ces dernières semaines

Malgré les interventions de la police et du MSS, la violence des gangs continue de ravager certaines parties d’Haïti, notamment dans l’Artibonite et à Port-au-Prince. Le 10 octobre, le gang taliban, dirigé par Jeff Larose, a attaqué la localité de Canaan dans l’Arcahaie — à environ 28 milles au nord de la capitale haïtienne — incendiant des maisons et des écoles et forçant les habitants à fuir. Même si aucune victime n’a été confirmée, ces violences mettent en évidence la menace persistante que représentent les groupes armés.

En réponse, la PNH a renforcé les mesures de sécurité dans la région de l’Arcahaie. Lionel Lazarre, porte-parole adjoint de la PNH, a confirmé que des unités avaient été déployées et que des mesures de sécurité supplémentaires étaient mises en œuvre pour freiner de nouvelles violences.

Avant l’attaque de l’Arcahaie, le gang Savien avait tué plus de 70 personnes et déplacé 3 000 habitants à Pont-Sondé, Saint-Marc, le 3 octobre. L’attaque, qui s’inscrit dans le cadre d’une crise sécuritaire qui s’aggrave, a quitté le département de l’Artibonite, le pôle agricole d’Haïti. – paralysés, aggravant encore l’insécurité alimentaire et déplaçant des milliers de personnes.

Des doutes sur l’efficacité du MSS

La violence continue a soulevé des questions sur l’efficacité du MSS et sa capacité à rétablir l’ordre en Haïti. Ebens Cadet, chef de l’organisation sociopolitique « Nou Konsyan », signifiant en créole « Nous avons une conscience », a critiqué le manque de progrès tangibles depuis l’arrivée du MSS dans le pays. Il a cité le massacre de Pont Sondé, survenu en présence des troupes kenyanes, comme preuve des limites de la mission.

« Le plus grand massacre pendant la transition s’est produit à Pont-Sondé en présence de la police et des officiers kenyans », a déclaré Cadet au Haitian Times. « Il n’y a eu aucun progrès significatif et les routes restent bloquées, même si la mission continue d’être payée pour son déploiement. »

À mesure que la violence des gangs s’intensifie, la crise humanitaire en Haïti s’aggrave. Selon le Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 700 000 personnes, dont la moitié sont des enfants, sont actuellement déplacées. Au cours des seuls sept derniers mois, 110 000 personnes ont fui leurs foyers, notamment dans des régions comme Gressier, à l’ouest de Port-au-Prince. L’OIM rapporte une augmentation de 22% du nombre de personnes déplacées depuis juin.

Grégoire Goodstein, chef de l’OIM en Haïti, a appelé la communauté internationale à apporter un soutien plus important aux populations déplacées et aux communautés d’accueil.

« L’augmentation significative des déplacements met en évidence le besoin urgent d’une réponse humanitaire durable », a déclaré Goodstein. « Nous appelons la communauté internationale à renforcer son soutien aux populations déplacées et aux communautés d’accueil en Haïti, qui continuent de faire preuve d’une résilience remarquable.

Cadet a également remis en question la réponse de la communauté internationale à la violence des gangs en Haïti, accusant les puissances mondiales de faire preuve de solidarité sélective lorsqu’elles répondent aux crises dans différentes régions.

« Il semble que certaines nations soient considérées comme plus humaines que d’autres », a déclaré Cadet. « Les Haïtiens doivent assumer la responsabilité du rétablissement de la stabilité dans leur pays, car nous ne pouvons pas compter uniquement sur l’aide internationale. »

À suivre