Garry Conille : Un ex-Premier ministre en croisade pour une résistance opportuniste après sa révocation ? N’est-il pas vrai que de part et d’autre le mal est infini, avec un nouveau PM qui arrive de l’étranger pour s’installer dans le bureau du Premier Ministre. Pourquoi tous ces dirigeants importés ?
Gary Coney, révoqué par le Conseil Présidentiel de la Transition, a fait savoir, avec vigueur, son désaccord, qualifiant la décision de « viol de la Constitution ».
En s’appuyant sur l’article 158, il revendique l’illégitimité de sa destitution, clamant que cette disposition constitutionnelle lui confère des droits que son éviction violerait.
Toutefois, cette défense est pour le moins ambiguë, et certains internautes haïtiens se demandent si M. Conille, dont la vision de la Constitution a évolué au gré de ses intérêts politiques mesquins, ne se contente pas d’instrumentaliser les normes juridiques pour servir une cause personnelle.
En effet, il est important de rappeler que Dr Conille, loin d’être un défenseur constant de l’ordre constitutionnel, a lui-même remis en question la validité de cette même Constitution lorsqu’il a initié son appel pour un référendum constitutionnel en février 2025. Avant de parvenir à cette étape, Conille affirmait sans ambages, notamment à New York devant la diaspora haïtienne, que la Constitution n’était plus qu’un « consensus ». Pour lui, elle nécessitait une refonte totale pour répondre aux enjeux actuels d’Haïti, plongeant ainsi dans une contradiction évidente entre ses propos d’alors et son argument actuel, où il se place désormais en ardent défenseur d’un texte qu’il avait qualifié de désuet ou de mise en veilleuse.
Le contexte institutionnel en Haïti rend d’autant plus complexe l’interprétation des motivations de Conille. Depuis janvier 2023, les institutions haïtiennes fonctionnent par décret, l’État ayant perdu tout cadre légal électif. Dès lors, l’évocation d’une Constitution bafouée paraît anachronique, voire fallacieuse, dans un contexte où la norme constitutionnelle a progressivement été écartée des rouages de l’État haïtien sous dicktat. De nombreux analystes pointent que cette invocation tardive pourrait servir d’écran de fumée pour légitimer une position inconfortable.
La société civile, notamment par la voix du Dr. Josué Renaud, de la New England Human Rights Organization (NEHRO), a également dénoncé les incohérences dans le parcours du Dr Conille.
« Celui-ci, qui a vécu plus de douze ans hors d’Haïti, a davantage rempli les critères d’une représentation symbolique que ceux d’un chef de gouvernement légitime », rappelle Dr. Renaud. L’épisode de 2012, où Conille avait déjà été écarté par l’ancien président Michel Martelly, souligne selon lui une longue série d’épisodes qui questionnent la compatibilité de Conille avec les exigences du poste de Premier ministre.
Ainsi, cette situation interroge sur la portée réelle de cette contestation ou refus de déguerpir quand le vin est tiré: s’agit-il d’un ultime baroud d’honneur d’un Premier ministre qui tente de sauver son siège, son honneur ou d’une crise institutionnelle profonde où chaque acteur, à défaut de véritables garde-fous constitutionnels, manipule les lois pour préserver ses intérêts ? La question est posée, et elle illustre parfaitement le chaos institutionnel qui prévaut en Haïti, où l’absence de cadre législatif stable transforme chaque conflit politique en un jeu de stratégie où les normes sont réinventées selon les convenances eki pagen anyen pour wè ak peyi a.
Vers une Transition ou un Nouvel Imbroglio Politique ?
La destitution de Garry Conille pourrait-elle devenir un catalyseur pour une véritable réflexion sur la refonte des institutions haïtiennes ? Il semblerait que la réponse reste en suspens. Dans un contexte où la gouvernance par décret s’est imposée comme la norme, chaque acte politique — y compris celui de la révocation — prend une signification nouvelle. L’interrogation demeure : cette éviction ne conduira-t-elle pas, une fois encore, à l’impasse politique, privant Haïti de la stabilité dont elle a si cruellement besoin pour envisager un avenir moins turbulent et juger les dilapidateurs de fonds de PetroCaribe ?
La complexité de cette situation nous rappelle que les crises institutionnelles en Haïti ne sont pas simplement des affrontements de personnalité, mais bien des symptômes d’un mal structurel qui, sans réforme profonde, ne fera que prolonger l’instabilité dans un pays déjà trop ébranlé.