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L’organisation de défense des droits humains Fondasyon Je Klere (FJKL) a appelé les autorités haïtiennes à lancer une enquête approfondie sur l’incident violent survenu au centre pénitentiaire de Saint-Marc le 16 août, qui a fait au moins 14 morts, 11 blessés graves, dont trois policiers, et des dommages importants à sept cellules de la prison.
GONAIVES — Trois semaines après les troubles meurtriers survenus à la prison civile de Saint-Marc, qui ont fait au moins 16 morts, 11 blessés graves (dont trois policiers), 10 évasions et des dégâts importants dans sept cellules, l’organisation de défense des droits humains Fondasyon Je Klere (FJKL) a exigé une enquête approfondie. La FJKL exhorte l’Inspection générale de la police nationale d’Haïti (IGPNH) et la Direction de la police judiciaire (DCPJ) à mener des enquêtes administratives et criminelles pour révéler les circonstances de ce qu’elle a qualifié de « carnage » à la prison de Saint-Marc.
Dans un rapport Dans un communiqué publié mardi, la Fondation Je Klere (FJKL) a contesté la version officielle d’une tentative d’évasion à la prison civile de Saint-Marc, suggérant plutôt que les violences auraient résulté d’une manifestation de détenus réclamant de la nourriture après une pénurie provoquée par la grève des gardiens de prison. La FJKL a affirmé que des détenus avaient été assassinés dans leurs cellules.
La FJKL a contesté la version officielle de l’incident, qui le décrivait comme une tentative d’évasion. L’organisation a plutôt soutenu que les violences résultaient d’une manifestation de détenus réclamant de la nourriture après avoir connu des pénuries dues à une grève des gardiens de prison.
« Il n’y a eu aucune tentative d’évasion. Aucune force extérieure n’est intervenue pour tenter de libérer les prisonniers, et aucun prisonnier armé n’était présent à l’intérieur de la prison pour affronter la police », indique le rapport.
« Alors que la situation s’apaisait, des individus armés, accompagnant le commissaire du gouvernement Venson François, arrivé sur les lieux, ont exécuté des prisonniers à l’intérieur de leurs cellules », a indiqué l’organisation.
« Le massacre perpétré à la prison civile de Saint-Marc le 16 août 2024 est une utilisation abusive de
force armée pour réprimer une manifestation en affamant des prisonniers par une grève sauvage
« Les agents pénitentiaires doivent exiger le paiement de leurs primes de risque », a écrit FJKL.
Selon les informations fournies par l’organisation de défense des droits de l’homme, le bilan des morts pourrait être plus élevé que prévu, des sources locales faisant état de 19 prisonniers tués.
Selon le commissaire de police de Saint-Marc, Jude Jean Chéry, l’incident s’est produit tôt le matin du 16 août, lorsque des prisonniers, apparemment agités par une grève des gardiens de prison pour des salaires impayés, ont saisi l’occasion de maîtriser les gardiens pendant leur escorte matinale vers les douches. Les troubles ont rapidement dégénéré en un affrontement violent, laissant des parties de la prison en flammes et plusieurs armes à feu manquantes.
« Il n’y a eu aucune tentative d’évasion. Aucune force extérieure n’est intervenue pour tenter de libérer les prisonniers, et aucun prisonnier armé n’était présent à l’intérieur de la prison pour affronter la police. »
Organisation des Droits de l’Homme Fondation Je Klere
Lors d’une interview avec The Haitian Times, le commissaire Chéry a confirmé les détails de la tentative d’évasion et des violences qui ont suivi.
Cet incident s’inscrit dans une tendance plus large à l’instabilité du système pénitentiaire haïtien, en proie à la surpopulation et aux longues détentions provisoires. Il s’agit de la troisième évasion de prison signalée en Haïti cette année, après un incident majeur survenu en mars au Pénitencier national de Port-au-Prince et l’évasion de la prison centrale de Croix-des-Bouquets, où des gangs ont libéré environ 4 000 détenus.
Chéry a exprimé son soutien à l’ouverture d’une enquête sur l’incident, mais a rejeté les allégations d’assassinats de prisonniers au sein de la prison. Il a souligné la nécessité de clarté et de transparence pour résoudre les problèmes sous-jacents au sein du système pénitentiaire.
L’incident de Saint-Marc met en évidence les problèmes de sécurité et de fonctionnement qui existent depuis longtemps dans les prisons haïtiennes, notamment la surpopulation, les mauvaises conditions de détention et la corruption potentielle du personnel pénitentiaire. Il continue de mettre en évidence une tendance aux évasions massives et aux défaillances en matière de sécurité dans tout le pays.
Comme beaucoup d’autres en Haïti, la prison de Saint-Marc a été gravement surpeuplée, accueillant près de 500 détenus pendant les troubles. Les conditions de détention y sont désastreuses, de nombreux détenus attendant leur procès pendant de longues périodes en raison du dysfonctionnement du système judiciaire. Cette surpopulation et les détentions provisoires prolongées ont probablement alimenté le désespoir des détenus.
Fin 2014, la même prison civile de Saint-Marc a été le théâtre d’une grave faille de sécurité et de négligences qui ont entraîné l’évasion de 34 détenus. Un détenu a introduit clandestinement une scie à métaux dans la prison, qui a servi à couper les barreaux. De plus, le bruit de la scie a été masqué par les tambours des détenus qui ont battu pendant plusieurs heures. Cette négligence souligne la nécessité d’une surveillance et d’un contrôle appropriés au sein de la prison. La même année, 329 détenus s’étaient évadés d’une prison nouvellement construite à Croix-des-Bouquets.
La prison civile de Saint-Marc est dans un état de désordre croissant et constamment surpeuplée, en particulier depuis 2004, lorsque la prison des Gonaïves, qui était le plus grand centre de détention du département de l’Artibonite, a été détruite lors de la rébellion contre l’ancien président Jean-Bertrand Aristide.
Les appels à la reconstruction du plus grand centre pénitentiaire du département n’ont toujours pas été entendus. Les défis actuels soulignent le besoin urgent de réformer et d’investir dans les infrastructures pénitentiaires d’Haïti.