Crise judiciaire en Haïti : Me Frédo Jean Charles dénonce un système en déroute

Share on facebook
Share on twitter
Share on linkedin
Share on email

La justice haïtienne est au bord de l’effondrement. Tel est le constat dressé par Me Frédo Jean Charles, avocat engagé et militant des droits humains, lors de son intervention ce samedi à l’émission Ranmase sur les ondes de Radio Télévision Caraïbes.

Selon Me Jean Charles, la situation au Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, relocalisé depuis plusieurs mois à Delmas 75, est tout simplement intenable. « Il n’y a ni salle d’audience digne de ce nom, ni bureaux pour les magistrats, ni espaces convenables pour accueillir les justiciables. C’est une parodie de justice qui se joue sous nos yeux », dénonce-t-il.

Mais au-delà de cette dégradation des infrastructures, Me Jean Charles pointe un problème encore plus grave : l’instauration d’un véritable système de spoliation judiciaire. Il accuse ouvertement des policiers, des hauts fonctionnaires, des magistrats et des avocats de former des réseaux mafieux qui exploitent l’effondrement de l’appareil judiciaire pour déposséder illégalement des citoyens de leurs biens immobiliers – terres, maisons, entreprises – dans un climat d’impunité totale.

« L’État a démissionné. Pendant que des groupes bien organisés, opérant sous la protection de certaines institutions publiques, pillent les biens des citoyens, le système judiciaire dysfonctionnel leur offre un bouclier d’impunité », martèle Me Jean Charles.

Face à cette situation d’une gravité extrême, Me Jean Charles lance un appel solennel au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et aux plus hautes autorités de l’État. Il les exhorte à prendre d’urgence des mesures concrètes pour rétablir le fonctionnement normal des institutions judiciaires et garantir un accès réel et effectif à la justice pour tous les Haïtiens.

« L’accès à la justice est un droit fondamental garanti par la Constitution. Il ne saurait devenir un luxe réservé à une minorité privilégiée. Nous exigeons une justice indépendante, transparente et accessible à toutes et à tous. Sans justice, il n’y a ni démocratie, ni État de droit, ni paix sociale », a-t-il déclaré avec force.

Dans une société haïtienne où la justice est souvent perçue comme l’outil des puissants, cet avertissement de Me Frédo Jean Charles résonne comme un signal d’alarme. Alors que les promesses de réformes restent lettres mortes, le peuple haïtien, déjà accablé par des crises économiques et sécuritaires sans précédent, voit désormais l’accès à la justice se transformer en un mirage inatteignable.

À suivre