Sous le règne du Conseil présidentiel de transition (CPT), la prédominance des gangs en Haïti a atteint son paroxysme. Les exercices pré-carnavalesques organisés par des groupes criminels dans des communautés de Port-au-Prince, dans l’indifférence des autorités policières, sont le témoignage d’un État complice, dénoncent des organisations de défense des droits humains.
Comme une contagion, le phénomène des exercices pré-carnavalesques à la version des gangs gagne du terrain. Après avoir réussi à faire danser, dans l’indifférence des autorités policières, des milliers de citoyens à Carrefour durant les trois premiers dimanches, la coalition criminelle « Viv Ansanm » poursuit sa provocation dans la Plaine du Cul-de-sac.
Sur des réseaux sociaux, le chef de gang de Canaan, Jeff « Gwo-Lwa », annonce la tenue, pour ce dimanche 2 février, des festivités carnavalesques à la Plaine du Cul-de-sac. Un « trucksound », des stands estampillés Jeff « Gwo-Lwa », « Lanmò san jou » et « Chyen mekan » préparés en la circonstance, s’apprêtent à délivrer l’ambiance, annonce-t-il.
Pendant les cinq dernières années, les autorités politiques ont plongé le pays dans la déchéance totale. Le règne des bandits armés qui assiègent des villes, assassinent des citoyens, font fuir des familles, dans une impunité totale, s’est imposé. Comme si la dictature de la violence armée normalisée ne suffisait pas, il faut également s’accaparer de l’un des patrimoines culturels haïtiens, son carnaval.
Autoriser des groupes armés à défiler dans des communes pour s’octroyer l’autorité de créer l’ambiance, c’est comme concéder la faillite de l’État, a commenté un historien. La Police nationale d’Haïti (PNH), appuyée par la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), assiste passive les démonstrations des gangs de la coalition « Viv Ansanm ».
Hervé Noël
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