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L’Indice mondial d’impunité 2024 du Comité pour la protection des journalistes désigne Haïti comme le pire pays au monde pour son incapacité à résoudre les meurtres de journalistes. Des gangs criminels et des institutions faibles empêchent la justice d’au moins sept journalistes assassinés en Haïti, plaçant le pays devant d’autres régions en proie à des conflits, notamment Israël et la Somalie.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a classé Haïti comme le pire pays au monde en matière d’impunité pour les meurtres de journalistes. Indice mondial de l’impunité 2024publié mercredi 30 octobre. Le classement d’Haïti met en évidence une crise nationale dans la lutte contre la violence contre la presse, avec des gangs criminels et des institutions affaiblies qui empêcheraient, semble-t-il, de rendre des comptes pour au moins sept meurtres de journalistes non résolus depuis 2019.
Le rapport du CPJ, une organisation de défense basée à New York, calcule l’impunité en examinant le taux d’assassinats de journalistes ciblés par population là où personne n’est tenu pour responsable. Haïti, qui a fait sa première apparition dans l’indice en 2023, est désormais en tête de liste, dépassant les régions touchées par le conflit comme Israël, la Somalie et la Syrie.
« (Haïti) est confronté à des gangs criminels qui s’emparent du pays et déstabilisent des institutions déjà faibles, y compris le système judiciaire », a rapporté le CPJ. Les autorités étant incapables de contrôler les gangs, les journalistes qui continuent à faire des reportages courent souvent des risques mortels.
« Le meurtre est l’arme ultime pour faire taire les journalistes. Une fois que l’impunité s’installe, elle envoie un message clair : tuer un journaliste est acceptable et ceux qui continuent de faire des reportages risquent de subir le même sort », a déclaré la directrice générale du CPJ, Jodie Ginsberg, dans un communiqué.
Israël, qui occupe la deuxième place dans l’indice en raison de sa population plus nombreuse qu’Haïti, a fait sa première apparition en raison de cas non résolus impliquant cinq journalistes tués lors des conflits à Gaza et au Liban. Les recherches de l’organisation soulignent que « cibler délibérément des journalistes, qui sont des civils dans tout conflit, est un crime de guerre », et notent qu’en 2024 seulement, Israël a tué un nombre record de journalistes palestiniens.
Le sombre classement d’Haïti est le symptôme d’une instabilité plus large. La faiblesse des institutions et le contrôle croissant des gangs sur le pays ont accru les menaces contre les journalistes. Des rapports récents révèlent que les groupes armés contrôlent désormais environ 85 % de Port-au-Prince, ce qui complique encore davantage l’accès à la justice pour les crimes contre les journalistes et d’autres civils.
Le CPJ a également mis en lumière les histoires de certains journalistes assassinés sans justice, notamment le journaliste de radio haïtien Gerry Tesse, âgé de 39 ans, retrouvé mutilé peu de temps après sa disparition en octobre 2022 alors qu’il se rendait au travail. Peu de temps avant sa mort, Tesse a accusé l’influent procureur Ronald Richemond, qui préside actuellement l’affaire controversée du meurtre de Tesse, de comploter pour le faire tuer. Richemond a nié les allégations ; les demandes d’une enquête plus large se poursuivent.
Impunité et conséquences mondiales
Les conclusions du CPJ surviennent alors que la violence contre les journalistes augmente dans le monde entier. Du Mexique à l’Irak, les pays sont confrontés à des problèmes similaires de « guerres, d’insurrections, de bandes criminelles et d’autorités locales qui ne veulent pas ou ne peuvent pas agir et rendre justice », a déclaré le CPJ. Ce manque de responsabilisation a « créé un désert d’information qui étouffe la voix de la population locale, ce qui permet aux responsables de les ignorer facilement et crée un terrain fertile pour que la corruption et les actes répréhensibles prospèrent ».
Avec le contrôle des gangs et les faiblesses de l’État qui entravent la justice, Haïti continue de faire face à des défis pour protéger ses journalistes – un problème aggravé par l’absence de réformes durables.