L’ ancien fondateur de Blackwater (aujourd’hui Vectus Global), Erik Prince, s’apprête à déployer près de 200 personnels — snipers, experts en renseignement, pilotes d’hélicoptères, opérateurs de drones — en Haïti, dans le cadre d’un contrat d’une durée initiale de dix ans signé avec le gouvernement haïtien selon Reuters.
Objectif affiché : rétablir les routes comme marqueurs de contrôle territorial
Prince promet qu’en un an, il sera possible de conduire “de Port‑au‑Prince à Cap‑Haïtien dans un véhicule léger sans être arrêté par des gangs” The Guardian. Après la pacification, Vectus assumera une fonction inédite : la collecte des recettes douanières le long de la frontière dominicaine.
Une logique de stabilisation basée sur la mobilité et la collecte de données opérationnelles et renseignement.
Le recours à drones, hélicoptères et opérateurs spécialisés suggère une stratégie fondée sur une collecte de données rapide et granulaire : suivi des mouvements de groupes armés, cartographie en temps réel, ciblage chirurgical. Toutefois, cette approche comporte des limites : la précision des données dépend de la qualité des capteurs, de l’analyse et surtout de l’intégration avec des forces locales mieux informées du terrain.
Collecte fiscale comme levier de légitimité
Intégrer Vectus à la collecte fiscale introduit une dimension quasi étatique. Sur le long terme, cela peut renforcer la capacité financière de l’État. Mais cela pose une question délicate : quelle est la frontière entre assistance technique et dévolution de souveraineté ?
Entre Risque légal et fragmentation institutionnelle
Des experts soulignent que l’opération pourrait violer les lois américaines sur les mercenaires, sauf autorisation expresse selon AP News. Des voix comme Romain Le Cour, de l’Observatoire d’Haïti, considèrent cette contractualisation comme un affaiblissement des forces nationales, qui pourrait aggraver la crise en réduisant la légitimité des institutions publiques AP NewsThe Guardian.
Sous‑effectif international et efficacité incertaine
La mission multinationale actuelle menée par le Kenya peine à atteindre ses objectifs, faute de moyens humains suffisants — à peine plusieurs centaines sur les 2 500 envisagés — et d’un financement largement déficitaire. L’arrivée d’un acteur privé pourrait matrixer les efforts, mais risque aussi d’y ajouter une complexité supplémentaire.
Droits humains et usage du drone
L’usage de drones explosifs et la nature des tactiques soulevées par des défenseurs des droits humains suscitent l’inquiétude : sans cadre juridique clair, cela peut entraîner des bavures et alimenter un cycle de violence.
Avec : AP News, The Guardian, Reuters