À partir d’un panorama dressé sur l’évolution du droit des travailleurs en Haïti, plusieurs organisations syndicales constatent un recul notable dans les luttes engagées. Le contexte sécuritaire délétère qui prévaut depuis cinq ans a porté un coup fatal aux entreprises et aux travailleurs, selon la Confédération des travailleurs du secteur public et privé (CTSP) et ses organisations alliées.
Le comportement jugé irresponsable de certains chefs d’entreprise évoluant dans le secteur de la sous-traitance mettrait en péril l’avenir de la loi Hope en Haïti. D’après Yvel Admettre, président de la CTSP, plusieurs employeurs refusent de s’acquitter des cotisations sociales, fragilisant toute perspective de relance du secteur textile. L’impasse actuelle autour du renouvellement de la loi Hope au Congrès américain s’expliquerait en partie par cette insolvabilité persistante des patrons.
À l’occasion d’une conférence-débat organisée au Centre Lakay à Delmas 83, à l’initiative de la CTSP pour marquer le 1er Mai, Fête du travail et de l’agriculture, Yvel Admettre a déploré la fermeture de plusieurs entreprises de sous-traitance. En 2025, moins de 21 000 ouvriers seraient actifs dans les zones franches industrielles, contre plus de 60 000 en 2021. Une chute attribuée à l’insécurité croissante et à l’inaction politique face à la crise.
L’État haïtien s’est engagé, à travers une enveloppe de 500 000 dollars américains, à soutenir l’Association des industries d’Haïti (ADIH) dans ses efforts de promotion de la loi Hope et pour faciliter son renouvellement au Congrès américain. Au moins treize missions ont déjà été menées aux États-Unis par des représentants du secteur pour effectuer des démarches de lobbying, selon Golinsky Fatal.
Le syndicaliste alerte aussi sur les tensions qui ont marqué les négociations, à l’approche de l’échéance cruciale du mois de septembre. À ce stade, l’administration Trump a décidé d’imposer une taxe de 10 % sur certains produits importés, une mesure susceptible d’impacter directement les articles en provenance d’Haïti.
En parallèle, la contrebande et les atteintes aux droits des travailleurs continuent de miner les efforts entrepris. Les grandes marques, souligne Jean Bonal Golinsky Fatal, exigent désormais des conditions de travail conformes aux standards internationaux. Il est donc impératif d’éviter la fabrication de vêtements dits « sales », non conformes aux normes du commerce éthique.
Hervé Noël
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