La volonté du peuple haïtien, qui a prévalu dans l’adoption de la Constitution de 1987, n’est pas respectée par un gouvernement de facto mis en place par la communauté internationale, si l’on en croit les déclarations de Jacques Desrosier, interviewé jeudi matin à l’émission Booster de Radio Mega.
Desrosier, un journaliste de carrière qui fait partie d’une structure incomplète et illégitime, a déclaré à Romanes Samedi que « la Constitution de 1987 ne sera pas modifiée, mais remplacée », soulignant qu’il n’y a pas eu de violation de la Constitution interdisant le changement par référendum. Pour Desrosiers, qui a adopté la même attitude que l’équipe Tet Kale 2 de Jovenel Moise et rejoint la position des six autres membres trop heureux de conduire le pays vers une crise électorale qui se profile à l’horizon, le CEP n’a rien à voir avec cette stratégie, mais c’est le gouvernement qui, par consensus, a décidé de prendre cette mesure.
Contrairement au Président Biden, dans son message à la nation le jeudi après les élections du 5 novembre, déclarant que la volonté du peuple prévaut toujours, en Haïti, le CPT et la Primature, dénoncent les critiques, font fi de la volonté du peuple haïtien qui a adopté la Constitution du 29 mars. L’objectif inavoué est d’effacer la mémoire du 29 mars 1987 et d’imposer une nouvelle constitution par le biais d’un référendum interdit.
L’enjeu des qualifications techniques :
La capacité du CEP à mener à bien un référendum sur un texte aussi fondamental que la Constitution-post-dictature, nécessite une expertise non seulement en droit constitutionnel, mais aussi en administration électorale et en gouvernance. Or, si certaines sources font état d’un manque de qualifications académiques parmi des membres actuels du CEP, cette carence pourrait affecter non seulement la préparation logistique du référendum, mais aussi la capacité à proposer des réformes pertinentes et adaptées aux besoins actuels de la société haïtienne. Ce manque de compétence est ressenti comme un facteur de fragilité qui est susceptible de compromettre la crédibilité des résultats du référendum, voire leur légitimité.
La relation entre le CEP et l’exécutif « made by Caricom » questionne également l’indépendance de cette institution dans le processus de réforme. Si le CEP se montre dépendant des directives de l’exécutif, cela implique une remise en question de son autonomie et de sa capacité à représenter fidèlement les intérêts de la population. Le risque d’instrumentalisation politique de la réforme constitutionnelle devient donc préoccupant, d’autant plus que le projet vise à réécrire la Constitution de 1987 dans son intégralité par une « deja toute faite ».