Port-au-Prince en révolte : une population à bout face à l’insécurité

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La journée du mercredi 2 avril 2025 a marqué un tournant pour les habitants de la capitale haïtienne. Submergés par la peur et l’impuissance face à l’insécurité qui gangrène leur quotidien, des milliers de citoyens sont descendus dans les rues pour exprimer leur ras-le-bol. Ce mouvement de contestation, baptisé “Mercredi Noir”, avait pour objectif de dénoncer l’anarchie imposée par les gangs armés et l’inaction persistante des autorités.

Dès les premières heures du matin, la colère populaire s’est manifestée dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince. Brandissant pancartes et banderoles, les manifestants ont scandé des slogans appelant à une réaction immédiate de l’État. Des zones comme Canapé-Vert, Turgeau, Nazon, LaRue, Boisverna, ainsi que Delmas 19, Delmas 30, Pétion-Ville et même Kenscoff, ont été les épicentres de cette mobilisation d’ampleur. Ces secteurs, parmi les plus touchés par la violence des gangs, sont depuis longtemps livrés aux enlèvements, aux pillages, aux affrontements armés et aux barrages routiers qui paralysent la vie quotidienne.

La population, excédée, accuse les autorités d’inaction et d’un manque de volonté politique pour éradiquer cette menace grandissante. Malgré les discours rassurants du gouvernement et les rares interventions de la Police Nationale d’Haïti (PNH), la situation ne fait qu’empirer. Les gangs continuent d’étendre leur influence, s’appropriant des zones stratégiques et instaurant leur propre loi. La multiplication des attaques contre des commissariats et l’élimination ciblée de certaines personnalités ont achevé de briser la confiance des citoyens envers les institutions censées assurer leur sécurité.

Face à cette crise qui s’aggrave, les protestataires ont formulé des exigences claires :

Un renforcement immédiat des opérations anti-gangs, avec la possibilité d’un soutien logistique et technique de la communauté internationale si nécessaire.

Un remaniement des responsables sécuritaires, jugés inefficaces dans la lutte contre la criminalité.

Une protection renforcée des civils et une reconquête des territoires tombés sous le contrôle des bandes armées.

Certains acteurs de la société civile appellent même à une mobilisation continue, jusqu’à ce que des résultats concrets soient obtenus.

Si rien n’est fait rapidement, cette contestation pourrait s’amplifier et donner naissance à d’autres journées de mobilisation du même type. Dans un climat où la méfiance envers les dirigeants atteint son paroxysme, la population semble décidée à prendre son destin en main, quitte à opter pour des mesures plus radicales.

Jusqu’à présent, aucune réaction officielle du gouvernement n’a été enregistrée. Mais une chose est certaine : l’heure n’est plus aux discours, des actes forts sont désormais attendus.

À suivre