Saga BNC-CPT : Pierre-Louis et son conseil d’administration limogés par le Premier ministre haïtien Conille

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Aperçu:

Après avoir accusé trois membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) d’avoir tenté de le corrompre, Raoul Pascal Pierre-Louis a été démis de ses fonctions de président du conseil d’administration de la Banque nationale de crédit d’Haïti (BNC). Il a été officiellement informé de cette décision par une lettre du Premier ministre Garry Conille.

PORT-AU-PRINCE — Raoul Pascal Pierre-Louis, président de la Banque Nationale de Crédit d’Haïti (BNC), a été démis de ses fonctions par le Premier ministre haïtien Garry Conille. La Primature a officiellement informé Pierre-Louis de la décision du gouvernement de transition de le laisser partir dans un délai de deux mois. lettre daté du 8 août. Le limogeage du président du BNC est intervenu deux semaines après qu’il ait affirmé avoir été l’objet d’une tentative d’extorsion de 100 millions de gourdes (environ 758 000 dollars américains) de la part des conseillers présidentiels Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire.

Conille n’a apparemment pas attendu la conclusion d’un enquête Le gouvernement a enquêté sur l’affaire menée par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) visant à licencier Pierre-Louis. Le président du BNC a été entendu par les enquêteurs de l’ULCC le 5 août et trois jours plus tard, il a été démis de ses fonctions. Le gouvernement n’a toutefois pas précisé si cette décision était motivée par ce qui a été révélé lors de l’audition de Pierre-Louis ou par d’autres informations étayées sur les allégations.

« Je vous informe que par décision du Gouvernement, le régulateur du système financier, qui est la Banque de la République d’Haïti (BRH), a été chargé de mettre en place un comité de gestion à la Banque Nationale de Crédit (BNC), en attendant la nomination et l’installation d’un nouveau Conseil d’Administration. »

Garry Conille, Premier Ministre d’Haïti

« Il a été décidé de mettre fin à vos fonctions de président du conseil d’administration de la BNC », précise la lettre signée par le premier ministre, chef du gouvernement de transition.

Pierre-Louis, ancien haut fonctionnaire du gouvernement, n’a pas encore été remplacé. Mais tout porte à croire qu’un nouveau conseil d’administration intérimaire pourrait être installé dès mardi, conformément à ce qui a été demandé à la Banque de la République d’Haïti (BRH), l’organisme de régulation du système financier du pays. Le gouvernement a instruit l’organe directeur de la BRH de prendre les mesures nécessaires pour combler le vide à la BNC en attendant la nomination et l’installation d’un nouveau conseil d’administration.

« Je vous informe que par décision du gouvernement, le régulateur du système financier, qui est la Banque de la République d’Haïti (BRH), a été chargé de mettre en place un comité de gestion à la Banque Nationale de Crédit (BNC), en attendant la nomination et l’installation d’un nouveau Conseil d’Administration », lit-on au premier paragraphe de la lettre.

Malheur à l’homme qui a provoqué le scandale

Pour l’instant, rien n’est plus clair. Les Haïtiens ignorent tout des accusations de corruption visant les trois membres du Conseil présidentiel de transition (CPT). Est-ce que cela a réellement eu lieu ou s’agit-il d’une accusation sans fondement, comme le disent les accusés, qui cherche à ternir leur image ? On ne sait pas. Ce qui est sûr, c’est que deux des trois conseillers présidentiels accusés ont exigé des preuves de leur implication dans cette affaire. A ce jour, aucune preuve n’a été apportée. Mais le soupçon de corruption demeure, et le premier à perdre son poste est le lanceur d’alerte.

C’est comme si l’on disait malheur à l’homme qui a provoqué le scandale. Pierre-Louis semble payer le prix fort. Mais il n’est pas le seul dans cette saga. Plusieurs groupes politiques, dont ceux qui ont des représentants au CPT, réclament des mesures de précaution contre Gilles, Augustin et Vertilaire.

En effet, dans une lettre adressée au président du CPT, Edgar Leblanc Fils, le bureau de suivi de l’Accord du 30 août 2021, aussi connu sous le nom d’Accord de Montana, et le Collectif des partis politiques du 30 janvier ont pris les devants et ont demandé au président du CPT d’agir en ce sens.

« Cette mesure permettra à la justice de suivre sereinement son cours, de restaurer la confiance du peuple haïtien dans la présidence, symbolisée aujourd’hui par le Conseil présidentiel de transition, et de garantir le succès de la transition », écrivent-ils.

Ces deux formations politiques demandent également aux autorités compétentes de mener une enquête interne pour prévenir d’autres actes de corruption au sein du Conseil et du gouvernement de transition. Ils réclament des actions visant à lutter contre l’impunité en réprimant les auteurs et coauteurs d’actes de corruption dans l’administration publique.

La saga impliquant l’ancien président du BNC et les trois membres du CPT risque de s’éterniser. Elle ne s’arrêtera pas avec le limogeage de Pierre-Louis, disent certains. Pour commencer, le scandale a éclaté au grand jour le 24 juillet, lorsque le président du BNC a informé le Premier ministre Conille que les trois conseillers lui avaient demandé de l’argent en guise de pot-de-vin pour le maintenir à son poste. Depuis, Pierre-Louis a été convoqué par certains des accusés, mais il n’a répondu à aucune d’entre elles malgré les menaces de poursuites judiciaires contre lui.

À suivre