Haïti : 5 000 morts et une équipe qui persiste à gouverner l’échec
Le dernier rapport des Nations unies révèle une donnée effroyable : près de 5 000 personnes ont été tuées en Haïti au cours des six premiers mois de 2025. Ce chiffre n’est pas simplement une statistique ; il représente un effondrement absolu de l’autorité publique, une faillite complète de l’État et l’indignité d’un pouvoir qui, face à l’hécatombe, continue de s’accrocher aux leviers d’une gouvernance devenue funéraire. Cette hécatombe interroge le fondement même de la légitimité du Conseil présidentiel de transition (CPT), du Premier ministre de facto Alix Didier Fils-Aimé et de l’appareil sécuritaire incarné par une direction générale de la police totalement dépassée. Leur maintien au pouvoir est non seulement juridiquement problématique, mais moralement insoutenable.
Faut-il rappeler que dans tout régime républicain, la justification du pouvoir repose sur sa capacité à garantir la vie, la sécurité et les libertés fondamentales ? Que vaut une autorité qui tolère, voire banalise, une telle saignée nationale ? L’adage politique prétend qu’« on ne change pas une équipe qui gagne ». Mais à Haïti, on ne remplace pas une équipe qui perd. Plus de 5 000 morts ne suffisent donc pas à disqualifier ceux qui se prétendent en transition ? Cette équipe n’a ni victoire à son actif, ni mandat légitime, ni projet politique autre que la reconduction de l’échec sous forme de référendum inconstitutionnel. Au nom de quelle logique peut-elle encore décréter, administrer, légiférer ? Quel seuil de cadavres faut-il franchir pour que cesse cette impunité étatique ?
La situation présente revêt un paradoxe insupportable : alors que les agences internationales documentent la catastrophe, certains diplomates et analystes, depuis Washington, évoquent une amélioration de la situation sécuritaire. Cette dissonance entre la perception diplomatique et la réalité du terrain frise l’irresponsabilité. Elle légitime tacitement un pouvoir qui, loin de stabiliser le pays, enfonce la société dans le chaos. Pendant ce temps, à Port-au-Prince, le gouvernement de transition trouve encore l’arrogance d’initier un projet référendaire qui viole l’article 284.3 de la Constitution haïtienne, sans fondement juridique, sans consultation populaire, et dans un contexte où l’ordre public est inexistant. Cette initiative cynique constitue une fuite en avant, un travestissement des priorités, un mépris envers les familles endeuillées.
Combien de morts faudra-t-il encore pour que l’on reconnaisse l’échec total de cette équipe dirigeante ? Dix mille d’ici la fin de l’année ? Quinze mille en 2026 ? Il ne s’agit plus de débattre de l’opportunité d’un référendum ni même de réforme institutionnelle : il s’agit de rompre avec une mécanique de gouvernance qui produit la mort, l’exil, et la dépossession de l’État. Le maintien du CPT, du Premier ministre Fils-Aimé et des structures actuelles relève désormais de l’absurde et du péril. La morale publique, le droit constitutionnel et le simple bon sens convergent pour conclure à l’urgence d’un départ collectif. L’Histoire, quant à elle, retiendra ceux qui, face au sang versé, ont préféré l’autopréservation au sacrifice, et la procédure inconstitutionnelle à la vérité du peuple.
CBA