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Plus de dix ans après la décision du gouvernement de mettre en place le mécanisme de protection de la biodiversité du parc, la gouvernance du parc reste problématique. Le ministère de l’Environnement et l’Agence nationale des aires protégées (ANAP) peinent à obtenir le soutien local et à gérer efficacement les ressources. L’absence de la Brigade de surveillance des aires protégées (BSAP) complique encore davantage les efforts de conservation.
PORT-AU-PRINCE—Le parc du nord d’Haïti, le Parc National des Trois Baies (PN3B) ou Parc national des Trois Baies, est l’une des neuf aires marines protégées du pays, créées pour préserver sa riche biodiversité. Bien qu’il ait été désigné comme aire protégée en 2013, le parc est confronté à des défis importants pour protéger ses espèces.
Cette vaste zone s’étend sur environ 750 km² et couvre cinq communes : Limonade dans le département du Nord, Caracol, Terrier-Rouge, Fort-Liberté et Ferrier dans le département du Nord-Est. Le PN3B abrite des écosystèmes diversifiés, notamment de vastes forêts de mangroves et des récifs coralliens, les plus grands de la côte nord d’Haïti.

Un 2016 étude L’association Nature Conservancy et la Banque interaméricaine de développement ont identifié 179 espèces de plantes indigènes, dont cinq sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, et 95 espèces d’oiseaux, avec notamment l’Amazone d’Hispaniola et le flamant des Caraïbes, parmi de nombreuses espèces endémiques de la zone du parc. Malgré la richesse écologique de la zone, les communautés locales et les pêcheurs exercent une pression sur les ressources du parc.
Plus de dix ans après la décision du gouvernement de mettre en place le mécanisme de protection de la biodiversité du parc, la gouvernance du parc reste problématique. Le ministère de l’Environnement et l’Agence nationale des aires protégées (ANAP) peinent à obtenir le soutien local et à gérer efficacement les ressources. L’absence de la Brigade de surveillance des aires protégées (BSAP) complique encore davantage les efforts de conservation.
« Le FOPROBIM s’efforce de renforcer les capacités des communautés, de participer à la reforestation et de créer des jardins de corail. Cependant, la pauvreté pousse les habitants à exploiter les mangroves pour produire du charbon de bois, menaçant ainsi les zones de reproduction essentielles à la vie marine. De plus, les pratiques de pêche inadéquates, comme l’utilisation de filets à petites mailles, entravent la reconstitution des espèces. »
Jean Wiener, directeur de la Fondation pour la protection de la biodiversité marine.
Jean Wiener, directeur de la Fondation pour la protection de la biodiversité marine (FOPROBIM), souligne que la pauvreté est un obstacle majeur à la conservation de la biodiversité dans la région. « La FOPROBIM s’efforce de renforcer les capacités des communautés, de participer à la reforestation et de créer des jardins de corail », a-t-il déclaré. « Cependant, la pauvreté pousse les habitants à exploiter les mangroves pour produire du charbon de bois, menaçant ainsi des zones de reproduction essentielles pour la vie marine. De plus, les pratiques de pêche inadéquates, comme l’utilisation de filets à petites mailles, entravent la reconstitution des espèces. »

Les habitants vivant à proximité du parc menacent les espèces marines et terrestres en coupant les mangroves rouges et noires pour la production de charbon de bois, en pêchant prématurément les espèces aquatiques et en exploitant arbitrairement les rochers du site pour la construction.
Efforts récents du gouvernement local
Un décret signé par les trois municipalités a été promulgué pour interdire les filets à petites mailles, encourageant ainsi les pratiques de pêche durables dans la région. Wiener souligne qu’il est plus avantageux de capturer des poissons adultes que d’épuiser les stocks de juvéniles. Malgré ces efforts, une politique de protection environnementale plus rigoureuse de la part du gouvernement central est nécessaire, a ajouté Wiener.
Pour soutenir les efforts des communautés locales, FOPROBIM a développé des sources de revenus alternatives, telles que l’écotourisme et l’apiculture, afin de réduire la dépendance à la pêche. Des projets d’apiculture sont mis en œuvre dans neuf communautés, offrant une formation et du matériel aux nouveaux apiculteurs. Cependant, le manque de touristes dû à la crise sécuritaire actuelle en Haïti entrave le programme de diversification économique.
Selon Wiener, les initiatives locales visant à protéger le PN3B seraient efficaces si la BSAP disposait des moyens nécessaires, notamment d’équipements et d’agents adéquats, pour remplir ses fonctions.

Les efforts de conservation du parc sont minés par le manque de soutien de l’institution, qui n’a pas rempli sa mission de surveillance. « Les responsables du FOPROBIM ne peuvent que signaler les problèmes en cours aux autorités, car ils n’ont pas de pouvoir de coercition », a-t-il déclaré. « C’est la responsabilité des agents du BSAP. »
Le directeur du FOPROBIM a reconnu que même si le PN3B possède une valeur écologique et culturelle incroyable, comme de nombreuses autres aires protégées en Haïti, une conservation efficace nécessite des politiques globales, l’implication de la communauté et une application adéquate pour préserver ses ressources pour les générations futures.