Haïti | Impunité – Accord du 3 avril : Les partis politiques pressent Edgard Leblanc de prendre des mesures immédiates contre les 3 conseillers impliqués dans le braquage dénoncé de la BNC

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Crise de corruption : Les partis politiques haïtiens demandent des mesures immédiates au Président de la Transition

Port-au-Prince, samedi 10 aout 2024 ((rezonodwes.com))–Dans une lettre adressée au Président du Conseil Présidentiel de Transition, Monsieur Edgard Leblanc Fils, le Bureau de Suivi de l’Accord de Montana et le Collectif des Partis Politiques du 30 Janvier ont exprimé leur profonde inquiétude face aux récentes accusations de corruption impliquant des membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT).

Les signataires de la lettre dénoncent le silence du gouvernement face à ces accusations graves. Ils considèrent ce silence comme inacceptable et susceptible de ternir l’honorabilité de l’Exécutif de Transition aux yeux du public.

Pour rétablir la confiance du peuple haïtien et assurer le succès de la Transition, ils demandent au Président de prendre des mesures immédiates. Parmi les mesures suggérées figurent la suspension des « Conseillers-Présidents » impliqués, l’initiation d’une enquête interne pour prévenir de futurs actes de corruption, et la mise en place d’un audit général de l’Administration Publique.

Ils insistent également sur la nécessité d’appliquer le projet consensuel de transformation pacifique, prévu par l’Accord du 3 avril 2024, afin de renforcer la mobilisation citoyenne contre la corruption et l’impunité.

Les partis politiques et autres groupes de la société civile sont invités à participer à des discussions formelles et transparentes pour élargir le consensus et éviter que le pays ne sombre dans de nouvelles crises.

En conclusion, le Bureau de Suivi de l’Accord de Montana et le Collectif des Partis Politiques du 30 Janvier réaffirment leur engagement en faveur d’une transition stable et consensuelle, et appellent à des discussions sincères pour le redressement politique nécessaire.

Monsieur le Président,

Nous, le Bureau de Suivi de l’Accord de Montana et le Collectif des Partis Politiques du 30 Janvier, Partis Prenantes du processus politique du 11 mars 2024 ayant conduit à l’accord du 3 avril 2024, soucieux de l’honneur de notre pays, résolument attachés aux principes d’éthique et de moralité publique, sommes profondément préoccupés par les dénonciations de corruption qui impliquent des membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) depuis sa prise de fonction le 25 avril 2024.

Les récents développements liés à la tentative de corruption de « Conseillers-Présidents » documentés par une lettre du Président du Conseil d’Administration de la Banque Nationale de Crédit (BNC) et une plainte déposée à l’ULCC, jettent l’opprobre sur les Hauts Dignitaires de l’Etat, décrédibilisent le Pouvoir Exécutif et mettent en péril le processus de transition tel qu’il est décrit dans l’Accord du 3 avril 2024 mis à l’écart, à dessein, par les « Conseillers-Présidents ».

Il est inconcevable que l’Exécutif bicéphale, structuré autour du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) que vous avez le privilège de présider, demeure silencieux face aux graves soupçons de corruption qui pèsent sur certains de ses membres et entachent dans l’opinion publique l’honorabilité de l’Exécutif de Transition. Malgré les dénonciations publiques, les plaintes formelles, et les attentes de la population, il est inacceptable que ni les autres membres du CPT, ni le Chef du Gouvernement ne prennent les mesures que le droit, la morale et le contexte politique imposent en de pareilles circonstances.

A l’instar d’autres Parties Prenantes et d’autres organisations de la société civile, nous croyons fermement que la transparence, l’intégrité, la moralité, la reddition de compte, sont des valeurs fondatrices préconisées par l’Accord du 3 avril qui doivent guider le comportement de tout serviteur public. Face à ces scandales à répétition, pour retrouver la confiance de la population, nous vous exhortons, Monsieur le Président, de concert avec le CPT et le Gouvernement, à :

  1. Prendre des mesures conservatoires contre les trois « Conseillers-Présidents » indexés dans le scandale de corruption de la BNC. Cette mesure permettra à la justice de suivre sereinement son cours, de rétablir la confiance du peuple haïtien dans la Présidence symbolisée aujourd’hui par le Conseil Présidentiel de Transition et de garantir le succès de la Transition.
  2. Diligenter une enquête interne pour prévenir d’autres actes de corruption au sein du Conseil Présidentiel de Transition et du Gouvernement et de lutter contre l’impunité en sévissant contre les auteurs et co-auteurs d’actes de corruption dans l’Administration Publique.

Monsieur Edgard LEBLANC FILS

  1. Initier un audit général de l’Administration Publique incluant les organismes et institutions autonomes, les représentations diplomatiques, et toutes les institutions publiques génératrices de revenus; conformément à l’article 39 de l’Accord du 3 avril mettre en place le Parquet Financier National spécialisé, en charge de la grande délinquance économique et financière, traitant des atteintes aux finances publiques, à la probité, au bon fonctionnement des marchés financiers;
  2. Prendre des dispositions au niveau du Conseil Présidentiel de Transition pour mettre résolument en application le projet consensuel de transformation pacifique de notre société, porté par l’Accord du 3 avril 2024. Cela devrait se manifester dans la mise en place de manière objective et participative, conformément aux mécanismes de mise en œuvre convenus dans l’Accord, des grands chantiers de la transition comme : la mise en place d’un gouvernement d’union nationale; l’organe de contrôle de la transition; le conseil national de sécurité; l’installation d’un comité consensuel de pilotage de la Conférence Nationale et la réforme constitutionnelle; la constitution de la Commission Vérité, Justice, Réparation; des consultations transparentes pour la mise en place d’un Conseil Electoral Provisoire crédible, l’organisation d’élections apaisées, inclusives et transparentes d’ici au 7 février 2026.

Nous souhaitons entamer et poursuivre les discussions formelles et transparentes avec les autres Parties Prenantes et d’autres groupes organisés du secteur politique et de la Société civile pour élargir le consensus sur la nécessité de renforcer la mobilisation citoyenne contre la corruption et l’impunité au sein de l’appareil d’Etat.

Notre démarche reflète notre engagement à préserver le consensus en faveur d’un exécutif bicéphale, à maintenir l’équilibre au sein du pouvoir, à garantir la stabilité de la transition consensuelle et à éviter à notre pays de sombrer dans de nouvelles péripéties.

Nous souhaiterions, à votre convenance, entamer des discussions franches et sincères avec le Conseil Présidentiel de Transition, sur la manière de procéder au redressement politique nécessaire, conformément à l’Accord du 3 avril 2024.

Dans l’attente de votre réponse, le Collectif des Partis Politiques du 30 Janvier et le Bureau de Suivi de l’Accord de Montana vous prient d’accepter, Monsieur le Président, leurs respectueuses et patriotiques salutations.

Magali COMEAU DENIS
Bureau de Suivi de l’Accord de Montana

Jean André VICTOR
Collectif des Partis du 30 Janvier

À suivre