Si Fidel Castro était encore en vie, il allumerait un cigare et se réjouirait du fait que l’Union européenne est sur le point de confisquer aux États-Unis bien plus de fonds en un an que Castro n’aurait pu le faire en toute sa vie. De plus, l’UE a obtenu l’aide et la complicité du gouvernement américain.
Par le biais de la loi sur les marchés numériques (Digital Markets Act, DMA) et de la loi sur les services numériques (Digital Services Act, DSA), l’UE a imposé des exigences onéreuses aux grandes entreprises technologiques. La plupart des entreprises concernées sont américaines, quelques-unes chinoises, et les principaux bénéficiaires sont leurs concurrents technologiques européens, qui sont bien moins performants et innovants que ceux des États-Unis et de la Chine.
Cinq des six sociétés initialement citées dans le DMA sont basées aux États-Unis. Pour le DSA, 15 des 19 sociétés sont basées aux États-Unis.
Dans le cadre du DMA, l’UE a négocié et obtenu des engagements de changement de la part d’Alphabet (Google), d’Apple, d’Amazon, de Meta (Facebook) et de Microsoft. Les coûts à ce jour et ceux prévus pour les années à venir sont considérables pour ces entreprises.
Pire encore sont les amendes que l’UE peut infliger aux entreprises en vertu de la DMA : jusqu’à 10 % de leur chiffre d’affaires annuel mondial. Deux pour cent du chiffre d’affaires de l’exercice le plus récent de ces entreprises représente 33,6 milliards de dollars.
Les régulateurs américains ont soutenu et encouragé les régulateurs européens dans ces actions. La Federal Trade Commission et la division antitrust du ministère de la Justice ont considérablement élargi leurs contacts avec les régulateurs européens, collaborant fréquemment sur des stratégies et des mesures d’application.
Au-delà des entreprises technologiques, les actions de l’UE représentent un risque important pour les investisseurs particuliers et autres investisseurs américains. Les performances des bénéfices de ces entreprises technologiques ont été le principal moteur de la bonne performance du S&P 500 en 2023-24, car ces entreprises représentent près d’un tiers de l’indice et ont enregistré des performances généralement excellentes.
L’UE imposant des coûts et d’autres exigences aux grandes entreprises technologiques américaines, le nombre d’entreprises soumises au DMA, au DSA et à d’autres mesures pourrait augmenter considérablement. D’autres pays, dont le Japon, la Corée du Sud, Taiwan, le Brésil et la Turquie, envisagent de mettre en œuvre des programmes similaires au DMA.
Alors que l’administration Biden est prête à accepter ces risques économiques et à ne pas défendre les entreprises américaines à l’étranger, l’ancien président Donald Trump a adopté une approche différente.
En 2019, lorsque la France a tenté d’imposer une taxe numérique aux entreprises technologiques américaines dont le chiffre d’affaires annuel dépasse 832 millions de dollars, Trump a réagi en menaçant d’imposer des droits de douane sur les produits de luxe français. La France a fait marche arrière, même si l’attaque contre les entreprises américaines a été relancée par l’UE.
Tout au long de notre histoire, et même à l’époque coloniale, les États-Unis sont rarement restés les bras croisés lorsque des gouvernements étrangers volaient notre peuple et nos entreprises. En fait, notre révolution trouve ses racines dans cette situation. Il est temps de dire à l’UE de faire marche arrière ou d’envisager des mesures de rétorsion décisives si ces saisies d’actifs, sous forme d’amendes, se poursuivent.
Paul Steidler est chercheur principal au Lexington Institute, un groupe de réflexion sur les politiques publiques basé à Arlington, en Virginie./InsideSources